Dans la soirée du mercredi 9 août, le prési de la transition a pris un décret pour changer le mode de désignation des prési des Conseils de quartiers et de districts. Le colonel Mamadi Doum-bouillant attribue désormais aux gouverneurs de région la compétence de nommer les chefs de quartiers, au grand dam des acteurs politiques et de la société civile.
Le CNRD continue de déployer ses ailes. Alors que des délégations spéciales ont presque fini de remplacer les exécutifs communaux élus, la junte détricote un peu plus la décentralisation, en se penchant désormais sur les Conseils de district et quartiers. Jusqu’hier, les responsables des quartiers et des districts étaient élus. Selon le Code électoral révisé de 2017, en son article 99 «la désignation des membres du Conseil de District ou de Quartier est faite au prorata des résultats obtenus dans les districts et des quartiers par les listes de candidature à l’élection communale. Le Président du Conseil de quartier ou de district est désigné par l’entité politique dont la liste est arrivée en tête, au scrutin communal, dans ledit district ou quartier». Cette disposition n’est plus qu’un souvenir. Un décret de Doum-bouillant lu sur les antennes de la télé-bidon nationale la supprime purement et simplement. Le Chef de la junte donne toute la latitude aux gouverneurs de régions, par décision administrative, de procéder à ces nominations. Selon le décret, il suffit juste que les concernés soient de nationalité guinéenne, qu’ils aient au moins 21 ans, un domicile principal dans le quartier ou le district. Ils doivent aussi savoir lire et écrire en français ; avoir résidé dans le quartier ou le district au moins dix ans, avoir les capacités physiques et mentales ; une bonne capacité de communication et d’écoute ; être disponible et avoir la maîtrise des limites territoriales du quartier ou du district ; n’avoir pas été déchu de ses droits civiques par une décision de justice.
Un pied de nez à la démocratie ?
La disposition selon laquelle les Conseils de quartiers et de districts sont désignés au prorata des résultats obtenus lors des élections communales ne faisait pas l’unanimité. Bien des partis politiques contestaient cette manière de faire et accusaient l’UFDG et le RPG d’écarter, à travers cette « combine », les petits partis politiques. Le RPG, battu par l’opposition dans plusieurs circonscriptions électorales en 2018, notamment à Conakry, avait refusé catégoriquement la disposition. Mais les acteurs politiques n’ont sûrement pas trouvé mieux, ils ont été pris au dépourvu. A la place des Chefs de quartiers élus, et sous la responsabilité des exécutifs communaux, ils auront maintenant des chefs de quartiers nommés par des gouverneurs totalement acquis au mystère de l’Administration du trottoir et de la Décentralisation. Un MATD qui caresse lui-même le rêve d’organiser désormais les élections. Quelque chose se prépare.
Yacine Diallo