Lundi 14 août, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Alphonse Charles Wright, a instruit le procureur général près la Cour d’appel de Kankan d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de la manifestation de soutien au CNRD à Kankan, dimanche 13 août. Ce mardi 15 août, la justice a mis le grappin sur plusieurs personnes, dont le maire de la ville, qui s’était joint à la foule, pour marcher.

Selon les informations, une chasse aux sorcières a été lancée contre les initiateurs de ce mouvement de soutien dès après les instructions du ministre. Parmi les personnes mises aux arrêts, le directeur préfectoral de la jeunesse, Lamine 1 Kaba, le directeur communal de la jeunesse, Sidiki Belmando Kaba et le maire de la commune urbaine, Mory Kolofon Diakité, dont l’arrestation est à confirmer. Ils sont accusés d’avoir violé l’interdiction de manifester en Guinée, instaurée par la junte depuis mai 2022. Les personnes interpellées ont passé la nuit en garde à vue à la Brigade de gendarmerie.

Joint au téléphone par mosaiqueguinee.com, l’un des organisateurs de cette marche a déclaré: «Ils sont en train de nous appeler un par un la gendarmerie pour s’expliquer. Sachant qu’on n’a rien fait à part exprimer notre satisfaction aux travaux immenses que le colonel est en train de réaliser dans notre ville. Par exemple le pont du fleuve Milo a fait peau neuve. Tout ça, grâce au colonel. Donc, je ne vois pas de mal à ce qu’on le soutienne. Un de nos jeunes est avec eux (gendarmes), ils l’ont retenu, je ne sais pourquoi. Le directeur communal de la jeunesse est là-bas aussi. Beaucoup ont été auditionnés et libérés. On a appris que le maire est aussi retenu à la gendarmerie, parce qu’il a participé à la manifestation ».

Interrogé sur cette situation, le président du parti UDRG (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée), Bah Oury salue une «excellente décision» du ministre Alphonse Charles Wright. Même s’il reconnaît que la liberté d’expression est un droit fondamental, Bah Oury rappelle qu’il est « essentiel que toute manifestation publique soit menée en accord avec la loi et les principes républicains ». A propos de la marche de soutien au CNRD à Kankan, «l’inaction du gouvernement aurait potentiellement ouvert la voie à une certaine forme de démagogie, une tendance à laquelle la société guinéenne est malheureusement habituée», estime le président de l’UDRG. Il se justifie que cela aurait permis à certains d’exprimer leur soutien au CNRD et au colonel Doumbouya, dans le but de les induire en erreur. « Comme cela a été le cas avec le président Moussa Dadis Camara. C’est pourquoi, je considère cette décision comme opportune et méritant d’être saluée ».

À Kankan, aucune communication de la part des autorités, ni du parquet général n’a filtré au moment où nous mettions en ligne. Selon les infos, ce dernier se préparerait à apporter plus de précisions sur la situation.

Abdoulaye Pellel Bah