En cette saison des pluies, les marchés de Conakry sont sales. Certains sont comme des dépotoirs d’ordures de tout genre. Les femmes sont de plus en plus confrontées à l’insalubrité. A l’image de celles qui fréquentent le marché de Matoto, dans la commune éponyme, en haute banlieue de Conakry.
Assise au bord de la route, marchandise étalée à même le sol, dans la boue, Nagnouma Oularé revend des légumes au marché de Matoto. Elle explique comment elle cohabite avec les ordures. « Nous souffrons vraiment ici, nous n’avons même pas où s’asseoir, quand il pleut. L’eau inonde le marché. Nous avons des infections au niveau des orteils, à cause des eaux usées mélangées avec ces ordures. » Nagnouma Oularé accuse d’autres des femmes de salir le marché. Selon elle, des femmes profitent de la pluie, pour « jeter les ordures » dans le marché, dans les caniveaux. Pour l’assainissement du marché, elle demande à l’administration de les aider.
Pour cette autre dame, se lever tôt le matin et venir vivre avec ses ordures, est devenue une routine. Mesure-t-elle les conséquences de cette insalubrité ? « Tous les matins, je me lève à 5 heures pour venir dans ce marché, chercher une bonne marchandise que je revends à mon tour, pour subvenir aux besoins de ma famille. Mais voyez- vous ce marché ? Les tas d’ordures sont partout, on se demande comment vivre avec ces tonnes d’ordures. Certains clients nous ont fui, à cause d’elles et les odeurs nauséabondes qu’elles dégagent, accompagnées des mouches qui pullulent partout…», a raconté Mahawa Sylla, vendeuse de poisson au marché de Matoto.
Se frayer un chemin dans le marché pendant cette saison de pluie est un véritable casse-tête pour les femmes. Zenab Camara raconte les difficultés qu’elle rencontre au quotidien. « Le marché est très difficile d’accès actuellement, à cause de la boue et nous arrivons difficilement à faire les achats dans ces conditions. Les femmes vendent entre les ordures et ce sont ces condiments que nous achetons pour préparer nos repas, ce qui est dangereux pour la santé. » Elle conseille ses sœurs à bien laver les légumes et de bien cuire leurs sauces.
Les vendeuses pointent du doigt aux administrateurs du marché d’être responsables de l’insalubrité du marché de Matoto. « Chaque jour, on paye les taxes. Mais, nous ne connaissons pas d’où ils envoient tout cet argent. Le marché est toujours sale, cela nous préoccupe. Nous demandons à l’État de prendre en main la gestion des ordures dans les différents marchés de Conakry », a suggéré Fatoumata Touré.
Les déchets donnent du fil à retordre aux responsables de ce lieu de négoce. « Nous savons tous qu’en saison pluvieuse, les ordures sont énormes dans les marchés. Nous déployons chaque jour nos agents pour rendre propre le marché, mais après avoir ramassé ces ordures, ils les déversent dans le bac à ordures. Souvent, les camions chargés de récupérer les ordures, prennent du temps. C’est ce qui favorise les tas d’ordures partout dans le marché», explique Mamadou Malal Barry, l’administrateur du marché de Matoto.
Malgré les efforts, les vendeurs et acheteurs du marché Matoto sont exposés aux maladies liées à l’insalubrité.
Mariama Keïta