A Labé, rien ne va entre le syndicat des conducteurs de taxi-motos et les autorités communales. Le mercredi 23 août, une opération de perception de taxes de stationnement a tourné au vinaigre. La gendarmerie est entrée dans la danse. L’accrochage a fait des blessés et plusieurs arrestations. Mais la guéguerre risque de perdurer. Et comment ?

L’inter-syndical CNTG-USTG accuse le maire de la commune de Labé, Mamadou Aliou Laly Diallo, de se mêler des affaires syndicales. El Hadj Lamine Sangaré, sécréteur général de l’Union régionale des travailleurs, révèle à Le Lynx, qu’il y a peu, le maire nourrit des divergences politiques avec le secrétaire gênant du syndicat des taxi-motos, Thierno Abdourahmane Pammel Diallo. Récemment, Aliou Laly aurait snobé ce dernier pour mettre en place un nouveau syndicat chargé de collecter les taxes de station des taxi motards. Il aurait aussi exigé de changer l’uniforme floquée des sigles (CNTG-USTG). Ce qui passerait mal chez les conducteurs de taxi-motos qui font confiance à leur syndigaleux.

Selon le syndicat, le 23 août, des agents à la solde du maire se sont rendus sur le terrain, pour chasser les représentants de l’intersyndical et interpeller tout conducteur de taxi-moto arborant autre gilet que celui créé par le maire. Eclate alors une bagarre. La situation dégénère lorsque le maire fait intervenir les pandores, pour «rétablir l’ordre». Conséquences : des blessés et des arrestations, dont le secrétaire gênant du syndicat, Thierno Doux-rat Pammel.

Règlement de compte ?

El Hadj Lamine Sangaré a aussitôt informé le dirlo de cabinet du gouvernorat et le sécréteur général des collectivités décentralisées. Il se dit « surpris par l’arrestation de Pammel. Je suis arrivé sur les lieux, j’ai échangé avec les autorités préfectorales et les services de sécurité, ils m’ont fait comprendre que le maire a porté plainte contre Abdourahmane et son groupe. Ils ont été auditionnés par la Brigade de recherche de Labé ». Le syndicaliste explique que les agents des forces de sécu-raté ont mis le grappin sur dix conducteurs et ont saisi une dizaine de motos. «Ils m’ont présenté trois jeunes battus et blessés. Je pense qu’il s’agit d’un règlement de compte et d’un abus de pouvoir du maire », Mamadou Aliou Laly Diallo. Selon lui, le maire veut faire taire la CNTG à Labé. « Il m’a été rapporté que Diouldé Domby, conseiller communal, a menacé tout conducteur de taxi qui ne porterait pas le gilet de la commune. Mais il est hors de question qu’un syndicat ‘’ déguisé’’ nous réclame des taxes de stationnement », peste El Hadj Sangaré.

« Des accusations fallacieuses »

Joint par Le Lynx, le maire de Labé rejette en bloc les accusations du syndicat qu’il qualifie de « fallacieuses ». Il indique que la commune n’a pas pour vocation de créer un syndicat ni de vendre un gilet et accuse les syndigaleux d’être à la base de cet « imbroglio ». « Ils ont exigé aux motards d’acheter un gilet à 100 000 GNF. Ces derniers se sont massivement mobilisés pour se plaindre à la mairie, se disant coincés entre deux feux, parce qu’ils doivent payer les taxes de stationnement à 15 000 GNF par mois ». Aliou Laly explique qu’au départ, la commune a signé un contrat de recouvrement avec le syndicat. Ce dernier aurait violé les termes dudit contrat au bout de deux mois, ce qui a obligé le Conseil municipal à le résilier. « On a décidé de créer une base de données et des guichets de paiement. On a invité les conducteurs de taxi-moto à se faire enrôler, pour connaître à peu près le nombre de conducteurs dans notre ville ». Le maire d’ajouter que le syndicat s’est attaqué à la mairie à cause de cette initiative, arguant que ce n’est pas de son ressort d’enrôler qui que ce soit. Il aura fallu l’intervention du Gouv, pour calmer les ardeurs. « Il leur a fait comprendre que la Commune est libre de signer un contrat ou d’engager qui il veut».

Plainte

Le maire continue de charger le syndicat indiquant qu’à chaque fois qu’il envoie une équipe sur le terrain, elle se fait harceler par les syndicalistes qui cherchent à contrecarrer ses plans. « Ils ont déchiré des ordres de mission signés du maire, des gilets et des tickets de paiement. C’est la 3ème fois qu’ils nous attaquent publiquement. Cette fois, il y a eu des blessés. On avait enregistré plus de 700 conducteurs, au moment où le secrétaire général est venu s’attaquer à nos équipes ; ils se sont battus, la Gendarmerie est intervenue. Il (Thierno Abdourahmane Pammel Diallo Ndlr) a été arrêté en flagrant délit ». Aliou Laly dit avoir beaucoup pardonné, mais « trop, c’est trop ». Il se dit obligé de porter plainte « pour faire valoir la loi. Ils ont fait le recouvrement pendant cinq ans, mais jusque-là, ça n’avait pas crié. Maintenant que la commune veut récupérer ses droits, ils créent toutes les difficultés du monde. Nous voulons que justice soit rendue », plaide le maire de Labé. 

L’affaire est filée à la Gendarmerie, pour des enquêtes. Comme pour dire la guéguerre couve entre le syndicat des taxi-motards et les autorités communales de Labé.

Abdoulaye Pellel Bah