Le 6 août, des leaders de politiques plus ou moins proches du la junte se sont retrouvés dans un réceptif hôtelier de la place pour plancher sur la mise en place d’une nouvelle coalition politique. Une nouvelle démarche pour mieux faire face au Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ?

Ils ont rallié la cause du CNRD dès les jours qui ont suivi le coup de force du 5 septembre 2021. Lansana Kouyaté, Bah Oury, Faya Millimouno, Siaka Barry et bien d’autres, tous ou presque, à la tête de coalitions politiques, n’ont pas caché leur volonté de collaborer avec la junte militaire. Selon eux, pour une « transition apaisée». Ainsi, ils ont participé aux différents cadres du dialogue politiques, malgré les récriminations venant d’acteurs non des moindres comme l’UFDG, l’UFR et le RPG.

Ces acteurs politiques jugés trop accommodants avec le CNRD décident d’ouvrir un nouveau front. Ils annoncent la mise en place d’une « super » coalition. Elle regroupera coalitions politiques, faitières de la société civile, centrales syndicales. Elle est censée favoriser les échanges notamment avec les autorités de la transition : « C’est en étant ensemble qu’on peut avoir des idées complémentaires et essentielles allant dans le sens de l’intérêt national. Ces dernières années, la classe politique a brillé par la dispersion. Au début de la transition, nous avons essayé d’avoir un forum plus large pour accompagner la transition, nous n’avons pas réussi. Le cadre du dialogue, certains ont participé, d’autres, pour des raisons qui leur sont propres, ont préféré se mettre en marge. Le processus continue, mais quelque chose d’extrêmement important a été omis : est-ce qu’il y a un espace où les responsables politiques et sociaux peuvent se retrouver et échanger de façon régulière entre eux d’abord en tant que partenaires de la transition ? », s’interroge Bah Oury, président de l’UDRG sur les ondes de FIM FM.

Il se murmure que ces politiciens derrière cette coalition en gestation se sentent, depuis quelques mois, écartés par le CNRD de la gestion de la transition. La junte ne prendrait plus trop leurs avis en considération. Veulent-ils faire ombrage aux Forces vives de Guinée ou craignent-ils de se faire dribler au dernier moment par la junte ? Bah Oury avoue à demi-mot la dernière hypothèse : « Si nous ne faisons pas attention, les gens auront l’impression que l’espace politique est désert. Nous essayons de combler cela pour que les autorités de la transition puissent trouver des acteurs responsables qui peuvent leur apporter des idées alternatives… Il est souhaitable, dans une démarche participative, que tous les avis comptent. S’il n’y a qu’un seul avis qui compte, à un moment donné, il risque de ne pas être accepté… Dans le comité de suivi (du dialogue), les présidents des coalitions ne sont nulle part ; nous avons constaté ces derniers mois qu’ils ne sont pas dans le processus. Or, nous avons pris des engagements auprès des populations. Demain, elles diront que nous sommes responsables». On est encore loin d’en finir avec les rebondissements.

Yacine Diallo