A l’appel des Forces vives de Guinée, des Guinéens manifestent ce 5 septembre, un peu partout à travers l’autoroute Leprince. Le quartier Wanindara, comme habituellement, est le théâtre de violents accrochages. Dans les quartiers Sonfonia-Rails et Cimenterie, plus loin de là, le FNDC a déploré deux morts et plusieurs arrestations suite aux accrochages entre manifestants et agents des forces de l’ordre pendant la nuit du 4 septembre.

Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) fête les deux ans de son arrivée au pouvoir. Pour marquer la journée de son empreinte, la junte a pris d’assaut les principaux médias du pays, sponsorisé un concert géant au Palais du peuple.

Un cortège de bérets rouges, armes au poing, perchés sur des pick-up et des blindés de l’armée, a paradé sur l’autoroute Fidel Castro, accompagnés de dizaines de motards acquis à la cause. Au même moment, sur l’autoroute Leprince, axe Hamdallaye-Kagbélen, c’est la confrontation. Des jeunes, déterminés à répondre à l’appel à la manifestation émis par les Forces vives de Guinée, affrontent les forces de défense et de sécurité dans bien de quartiers le long de Leprince. Ces dernières veulent à tout prix empêcher les anti CRND de se rassembler et d’exprimer leur désaccord quant à la gestion actuelle de la transition. Des accrochages sont enregistrés à la T8, Sonfonia-rails, Cosa, Bambéto, Hamdallaye ou encore à Wanindara. Dans ce quartier, sont déployés policiers, gendarmes et militaires, pour empêcher les manifestants de bloquer la route, ils font aussi recours à d’autres jeunes qui se réclament du même quartier. Au Carrefour-marché, ils font usage de gaz lacrymogène, mais laissent le soin à ce groupe de contremanifestants d’affronter les jeunes : « Nous ne sommes pas en train d’aider les forces de l’ordre, nous nous aidons nous-mêmes. Nous le faisons, parce que ceux qui veulent manifester ici sont de Kinifi (quartier Lambanyi, plus à l’ouest Ndlr). Ils viennent ici pour nous emmerder, semer la pagaille. Ils poussent les forces de l’ordre à s’introduire dans le quartier, frappent et arrêtent des innocents», explique Moussa Diouldé Diallo, un des initiateurs de ce mouvement. Il accuse les manifestants d’avoir refusé de les écouter : « Nous avons commencé par les sensibiliser. On leur a dit de venir avec des pancartes et de s’arrêter sur le trottoir, mais ils ne veulent rien entendre. Nous leur avons fait comprendre qu’on est contre la violence ».

Mais cette version ne passe pas chez les manifestants. Ils accusent les contremanifestants d’avoir perçu de l’argent des autorités : « Ce sont des jeunes qui ont créé un mouvement dénommé Wandian224. Ils ont reçu de l’agent pour soi-disant pacifier le quartier. Nous avons appris qu’on leur a promis aussi de l’argent dans le cadre de la fête du 2-Octobre prochain. Nous, nous cherchons juste à exprimer notre ras-le-bol », rétorque un manifestant.

Dans la zone, boutiques, magasins, pharmacies et stations-service sont restés fermés, la circulation, très fluide.

Au moment où nous mettions en ligne, les courses-poursuites continuaient à l’intérieur du quartier.

Yacine Diallo