On croyait que le bras de fer entre les robins et le Gardes des Sceaux était sur le point de se régler. Il n’en est rien, du moins si l’on en croit la missive que ce dernier a sortie au lendemain d’une réunion entre magistrats et membres de la Basse-cour suprême.
Le ministre Alphonse Charles Wrong n’est pas prêt de courber l’échine. Au contraire, il est même décidé à croiser le fer autant que possible avec l’Association des magistrats de Guinée. Les robins qui pensaient voir le bout du tunnel tombent de haut. La réunion qu’ils ont eue avec le Prési de la Basse-cour suprême, quoi que ce dernier affirme avoir agi sous les ordres du prési de la transition, n’aura pas servi à grand-chose. En tout cas, Charles Wright clame qu’il s’en fout. Il se moque même des résolutions qui auraient sanctionné cette réunion : «Aucune disposition n’interdit au Garde des Sceaux de rendre publics ses actes, qui sont différents des décisions disciplinaires rendues par le Conseil supérieur de la magistrature dont les décisions varient de l’avertissement, le blâme, le déplacement d’office, la suspension avec ou sans perte de traitement, le retrait de certaines fonctions, la radiation du tableau d’avancement, l’abaissement d’un ou de plusieurs échelons, la rétrogradation, la mise à la retraite d’office avec ou sans la perte de droit à la pension, et voire la révocation».
Pendant le tête-à-tête entre l’AMG et la Basse-cour-Suprême, décision aurait été prise de mettre en place une commission Ad hoc à l’effet de faire rapporter par le Garde des Sceaux les actes de suspension de deux robins, de se soumettre à un arrêt d’interprétation que celle-ci prendrait pour taire la polémique autour des dispositions 537 et 590 du Code de procédure pénale. Charles Wrong n’entend pas exécuter ces résolutions et le dit à qui veut l’entendre : « Le département de la Justice et des Droits de l’Homme rappelle que la Cour Suprême n’a jamais été saisie pour un contentieux quelconque pour prétendre enjoindre le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme à rapporter ses actes administratifs (arrêtés) pris conformément aux prérogatives que lui reconnaissent la loi ou de qualifier ces dits actes d’illégaux comme si, elle se prononçait sur un recours pour excès de pouvoir, laquelle procédure requiert les conditions de forme et de fond.»
Le Garde des Sceaux doute même de l’info selon laquelle la Basse-cour suprême agirait au nom et pour le compte du Prési de la Transition. Il égratigne les robins : « Il invite les personnes qui distillent ces fausses informations à justifier le report de l’exercice infondé d’un droit à la manifestation pour prétendre obtenir gain de cause dans une procédure déjà pendante devant le Conseil supérieur de la magistrature à faire preuve de responsabilité dans le respect des règles d’éthique et de déontologie des magistrats à continuer à travailler dans la sérénité».
Charles Wrong sanctionne
Comme pour réaffirmer son autorité et narguer ses détracteurs, Charles Wrong a encore sévi. Mais cette fois-ci, il s’en prend au responsable des Ressources humaines de son département. Albert Fassou Haba est suspendu pour faute professionnelle grave et répétée « en dépit des mises en demeure préjudiciables au bon fonctionnement du service et la mise en œuvre de sa lettre de mission». La crise est loin de finir.
Yacine Diallo