Dans le cadre de ses travaux sur la Charte de l’intelligence artificielle (IA) dans les médias, Reporters sans frontières (RSF) invite les médias et organisations de la société civile notamment spécialisées dans le journalisme à apporter leurs propositions. Des contributions qui permettront à la commission initiée par RSF de mieux cerner les réponses appropriées au déploiement rapide de ces technologies pour les professionnels de l’information.

Après la constitution d’une commission internationale, la parole est aux médias et aux journalistes du monde entier. Afin que leurs réflexions sur l’éthique des médias appliquée à l’IA soient intégrées aux travaux de la commission, RSF met à leur disposition sur ce lien un formulaire pour que les professionnels des médias puissent partager leurs réflexions. Les appels à contributions sont ouverts jusqu’au 11 octobre 2023.

RSF tient à intégrer de la manière la plus large possible les médias et les organisations du monde entier dans la réflexion sur ce sujet d’importance vitale pour l’intégrité de l’information. Nous invitons la société civile à s’emparer de cet appel pour partager leur vision de l’éthique journalistique appliquée à l’intelligence artificielle« , déclare Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF.

Quatre grands thèmes de travail de la commission de la Charte de l’IA sont abordés dans ce formulaire, construit pour que les médias puissent s’exprimer sur les mêmes enjeux que les membres de la commission présidée par la journaliste et lauréate du prix Nobel de la paix Maria Ressa. Chacun de ces thèmes correspond à des défis spécifiques auxquels les médias doivent faire face. RSF interroge les professionnels des médias quant au comportement à adopter pour y répondre efficacement : 

  • Collecte d’informations : l’avènement de l’intelligence artificielle générative, soit l’ensemble des outils de l’IA qui génèrent des contenus en fonction d’une demande, facilite grandement la fabrication de contenus synthétiques – texte, image ou audio. Or, les journalistes doivent pouvoir continuer à identifier rapidement et avec certitude les contenus authentiques. Quels outils et méthodes de travail les médias et journalistes doivent-ils adopter pour faire face à ces nouveaux enjeux ?
     
  • Traitement de l’information : l’utilisation croissante d’outils d’intelligence artificielle dans les médias soulève des inquiétudes quant au manque de fiabilité, aux biais et à la fuite de données. Les algorithmes analysant les données et générant des contenus risquent d’altérer les principes de l’éthique journalistique. De plus, les biais inhérents aux jeux de données d’entraînement des systèmes d’intelligence artificielle se retrouvent amplifiés dans les contenus produits. Par ailleurs, le recours à l’IA pour optimiser l’audience peut inciter à la diffusion de récits qui privilégient le sensationnalisme au détriment de l’information nuancée. Enfin, le manque de transparence des systèmes d’IA utilisés pose problème. Quelles caractéristiques les systèmes d’IA utilisés par les journalistes doivent-ils avoir, et quels sont les processus de travail à mettre en place pour garantir que l’information produite répondent aux normes de qualité du journalisme ?
     
  • Distribution de l’information : l’omniprésence des algorithmes de recommandation sur les réseaux sociaux oriente les individus et influence fortement la visibilité et la diffusion des contenus en ligne. Quant aux moteurs de recherche, ils dirigent massivement le trafic vers certains contenus au détriment d’autres. Outre les dangers posés par les grandes plateformes, les médias ont eux aussi recours à des technologies de plus en plus sophistiquées pour distribuer l’information, suivant leurs intérêts propres. Les moteurs de recherche intégrés aux sites web et les pushs sur les applications mobiles des médias pourraient bientôt bénéficier de la puissance de l’IA. Quels en seraient les bons usages pour servir le droit à l’information? 
     
  • Positionnement des médias vis-à-vis des entreprises du secteur de l’IA : alors que l’industrie de l’information est toujours bouleversée par l’intermédiation des plateformes dans la diffusion de l’information, ce secteur doit maintenant composer avec le surgissement de nouveaux acteurs, les producteurs d’IA, qui peuvent tout autant les concurrencer que fournir des outils nécessaires à la production d’information de qualité. Quel comportement les entreprises de médias devraient-elles adopter, non seulement vis-à-vis des fournisseurs d’IA, mais des grandes entreprises technologiques en général ?

Pour approfondir ces questions, RSF met à disposition du public deux des documents de travail de la commission. Le premier, intitulé Challenges raised by AI regarding the right to information dresse une liste complète et détaillée des défis. Le second, nommé AI and Media Ethics : Existing References Overview, dresse le panorama des diverses initiatives éthiques existantes en matière d’IA et de journalisme, afin de souligner ce que le projet de Charte de l’IA dans les médias initié par RSF entend apporter de nouveau et d’inédit dans ce paysage.

Reporters Sans Frontières