Rien ne va dans la corporation des boulangers et pâtissiers de Guinée. Le mercredi 12 septembre, une nouvelle structure a vu le jour : Fédération nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée. Elle est dirigée par un certain Mamadou Adama Diallo. Pendant ce temps, Alpha Oumar Sacko, président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée a des démêlées avec la police.
Mamadou Adama Diallo, président de la Fédération nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée a indiqué que c’est désormais sa structure, créée en janvier dernier, qui est la haute instance du secteur de boulangerie en Guinée. Il ne dénie pas pour autant l’existence d’autres organisations. Interpellé sur l’arrestation de certains boulangers, monsieur Diallo dit qu’il n’est responsable que des boulangers affiliés à sa structure. « Nous ne pouvons pas commenter sur une organisation qui n’est pas membre de la fédération ». Avant d’expliquer que le défi de sa fédération est de demander à l’Etat d’assurer la protection des boulangers dans leur métier. « Nous avons l’ambition d’aller à la modernisation, la fabrication du pain à base de la farine des produits locaux ».
Concernant l’assassinat du boulanger Alsény Baldé le 1er août à Concasseur-marché, Mamadou Adama Diallo affirme qu’il s’était rendu dans la famille de la victime avec la délégation ministérielle et qu’on leur a promis que justice sera faite. «En tant que légaliste, nous avons deux devoirs, le devoir que le coupable de l’assassinat du boulanger soit retrouvé, le devoir de donner la consommation à la population. C’est pourquoi, la fédération ne peut pas aller en grève sans motif valable. C’est quand nous épuisons les recours judiciaires que nous pouvons donner un préavis et donner une date butoir. »
Est-ce à dire que la fédération nationale des boulangers est une structure épaulée par le gouvernement ? La réponse de Sékou Bakary Camara, inspecteur régional du commerce de Conakry en dit long sur la question. Selon lui, cette structure dirigée par Mamadou Adama est désormais la seule interlocutrice de l’Etat. «Les différents acteurs n’étaient pas unis, nous avons posé le problème. Nous avons invité tous les acteurs impliqués dans le secteur de la boulangerie. Il était question de fédérer tout le monde autour d’une seule organisation comme nous avons fait avec la Chambre de commerce. Les acteurs se sont donné rendez-vous pour mettre en place une fédération. C’est dans ce cadre que la fédération nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée a vu jour le 26 janvier 2023. L’Etat n’a pas de parti-pris, il cherche à organiser, à règlementer les différentes filières et défendre les intérêts non seulement de l’Etat mais aussi des acteurs du domaine. Nous avons exhorté la corporation de veiller à la disponibilité du pain. Aujourd’hui, toutes les dispositions sont prises pour que cette denrée soit disponible à tout moment. La fédération nationale des boulangers a rassuré le ministère du Commerce quant à la disponibilité du pain. Tout se passe bien entre la fédération et le ministère. Nous demandons à la fédération de tendre la main aux autres».
La fédération n’a jamais existé
Mamadou Dian Barry, vice-président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée (l’autre branche des boulangers), a expliqué que la nouvelle fédération ne prospérera pas. Parce que depuis les années 90, ils ont voulu la mettre en place, mais l’Etat n’avait pas accepté. C’est pourquoi, l’Union nationale des boulangers aurait été créée, qui serait la seule structure qui représente les boulangers et pâtissiers. « Nous sommes sereins. C’est nous qui avons les documents légaux qui nous permettent de faire face à l’Etat. Les autres ne font que parler, ils n’ont pas d’agrément pour prétendre parler au nom des boulangers. Nous, nous sommes présents dans toutes les régions, préfectures du pays et les cinq communes de Conakry ».
Rappelons que Alpha Oumar Sacko, président de l’Union des boulangers et pâtissiers de Guinée a passé 3 jours au Commissariat de Bonfi, avant d’être libéré le lundi 11 septembre. Il était accusé d’avoir fait libérer des jeunes boulangers qui auraient mis du sable dans la farine de certains boulangers à Dar-Es-Salam alors que l’Union des boulangers avait appelé à une grève. Elle avait donné un ultimatum au gouvernement, pour qu’il fasse la lumière sur le récent assassinat d’un des leurs, en la personne de Alsény Baldé. Faute de quoi, elle appellerait ses membres à cesser le travail.
Comme au temps d’Alpha Condé, le bicéphalisme renaît dans toutes les structures sociopolitiques du pays. Des acteurs politiques aux acteurs socioprofessionnels, si vous n’êtes pas favorables au pouvoir ou du moins si vous revendiquez vos droits, vous êtes systématiquement bannis.
Mamadou Adama Diallo