En Guinée, cela fait deux ans qu’a eu lieu le coup d’État contre Alpha Condé. Un processus de transition politique doit y aboutir à la restitution du pouvoir aux civils fin 2024. Mais une partie de l’opposition estime « qu’on va directement vers un glissement de calendrier ». Ce que démentent les autorités au pouvoir.
En Guinée, cela fait deux ans que le coup d’État du 5 septembre 2021 du Colonel Mamadi Doumbouya contre le président Alpha Condé a eu lieu.
En octobre 2022, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), l’organe qui a pris le pouvoir, a accepté de le rendre aux civils fin 2024, après un accord conclu avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Ça laisse croire qu’on va directement vers un glissement de calendrier »
Le mouvement Front national pour la défense de la constitution (FNDC) dénonce le « surplace » de la junte qui fait craindre un « glissement de calendrier ».
Même crainte du côté de l’opposition politique, de la part de Souleymane Souza Konate, Président de la Commission communication de l’Alliance nationale pour la démocratie et l’alternance (Anad) et Conseiller chargé de communication de l’opposant Cellou Dalein Diallo.
« Les élections devraient avoir lieu en 2024 et la présidentielle en octobre 2024, rappelle-t-il tout d’abord au micro d’Amélie Tulet. On finissait avec la transition. Mais aujourd’hui, ils ont dit qu’ils vont faire le recensement général à caractère d’état-civil et que c’est, à l’issue de ce recensement, qu’un fichier électoral va être tiré. Donc, à date, rien n’a commencé par rapport à cette opération. Nous n’avons pas de Constitution, il n’y a aucune visibilité par rapport à l’écriture de cette Constitution. On n’a pas de fichier électoral, ce qui laisse croire qu’on va directement vers un glissement de calendrier et ce qui est inacceptable pour nous ».
Souleymane Souza Konate interpelle au passage l’organisation sous-régionale dont son pays est membre : « C’est dire à la Cédéao de ne pas abandonner la Guinée, parce que si on n’arrive pas à respecter les mécanismes, les lois de la Cédéao, si on laisse une minorité de gangsters s’en prendre illégalement au pouvoir, nous allons connaître la déstabilisation et personne ne le souhaite. »
Il insiste : « C’est pourquoi nous demandons à la Cédéao de ne pas abandonner la Guinée car elle représente la communauté internationale au regard du principe de subsidiarité que caractérisent les relations internationales. Mais, malheureusement, nous constatons qu’elle n’est pas en train de faire suffisamment pour contraindre les militaires à respecter les engagements qui ont été tenus le 3 décembre dernier. »
« Nous ne sommes pas en retard, ça c’est clair »
Des inquiétudes exprimées par Souleymane Souza Konate que balaie le ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique, porte-parole du gouvernement de transition. Ousmane Gaoual Diallo assure que les préparatifs pour l’organisation d’élections sont en cours.
« Vous savez, les étapes, ce n’est pas les unes après les autres, il y a plusieurs activités qui se font parallèlement, affirme-t-il au micro d’Amélie Tulet. En même temps que nous travaillons sur le fichier électoral, le cadre juridique connaît un mouvement important parce que l’avant-projet de la Constitution est élaboré. Il y a une commission de suivi qui permet de faire le point aussi bien pour la Guinée que pour la communauté internationale ».
Ousmane Gaoual Diallo défend en effet la transparence du processus de transition politique en Guinée : « Les ambassadeurs du G7 et de l’Union européenne sont autour de la table en tant qu’observateurs. La Cédéao et l’Union africaine, jusqu’à présent, les cris d’alarme ne viennent pas de ces structures qui sont autour de la table du comité de suivi et qui observent. »
Interrogé sur le fait de savoir si les délais annoncés pour la transition politique sont tenables, le porte-parole répond : « Nous ne sommes pas en retard. Ça c’est clair : on l’a dit, répété. Maintenant, je ne sais pas quel type de garanties ces partis politiques veulent avoir. Ceux qui ont des remarques à faire ou des observations sur tel ou tel point peuvent le faire. Nous recevons régulièrement des critiques. Mais de là à s’asseoir dans une radio et tenir des propos sur le fait que rien ne se passe, que tout est négatif, cela ne peut tenir que de la mauvaise foi. »
RFI