Secouristes et volontaires s’activent toujours à la recherche des milliers de personnes portées disparues à Derna, ville côtière de l’est de la Libye, dévastée suite au passage de la tempête Daniel. Tempête qui a entraîné la rupture de deux barrages et de violentes inondations. Suite à ce drame qui a fait au moins 3 800 morts, le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (OCHA) a lancé le 14 septembre un premier appel de fonds de 71,4 millions de dollars pour venir en aide aux sinistrés.
En Libye, cinq jours après les inondations causées par la tempête Daniel, il est toujours impossible de faire un bilan selon les organisations internationales et de secours. Il y a plus de 3 800 morts et même jusqu’à 10 000 victimes selon le maire de Derna la ville la plus touchée, située dans l’est du pays. La Croix-Rouge, elle, dit avoir encore l’espoir de retrouver des survivants.
Le responsable de l’Organisation des Nations unies pour les situations d’urgence a, de son côté, estimé ce 15 septembre 2023 qu’on ne connaît « toujours pas l’étendue » exacte de la catastrophe humanitaire qui a frappé l’est de la Libye. « Je pense que le problème pour nous, en Libye, est bien sûr de coordonner nos efforts avec le gouvernement, puis avec les autres autorités de l’est du pays », a déclaré Martin Griffiths, lors d’un point de presse à Genève, ajoutant que « le niveau des besoins, le nombre de morts, sont encore inconnus ».
L’ONU qui a lancé un premier appel de fonds pour venir en aide immédiatement aux quelque 250 000 personnes les plus touchées. Elle appelle notamment à créer un corridor maritime pour faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire. « Nous sommes tous mobilisés pour apporter autant d’aide et de soutien que possible aux gens », a ainsi déclaré le porte-parole d’Ocha, le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU, qui décrit une situation catastrophique.
Beaucoup sont hébergés dans des familles d’accueil. Trois écoles servent aussi d’abri temporaire, mais elles n’accueillent que 2300 personnes pour l’instant. Un seul hôpital fonctionne dans l’est de la ville. Équipé d’un générateur, il subit des pénuries de toutes sortes, en médicament et en personnel. Il n’y a aucun radiologiste, et l’établissement manque d’antibiotiques, d’anti-douleurs, et d’autres traitements pour les maladies chroniques comme le diabète et la tension artérielle. L’OIM parle d’un besoin urgent de matériel comme des lits, bouteilles d’oxygènes, sacs mortuaires, instruments chirurgicaux ou encore chaises roulantes…
La réparation de certaines routes permet maintenant à des sinistrés de quitter les zones touchées. Ainsi, des habitants de Derna sont allés se mettre à l’abri, notamment à Albayda. La ville compte environ 3 000 déplacés, hébergés par des proches ou dans 4 écoles qui ont besoin d’eau, kits d’hygiène, couvertures, ou encore matelas. Almarj, Taknes, Shahat, Benghazi ont également été touchées, mais de manière moindre. La plupart comptent néanmoins plus milliers de déplacés.
880 000 personnes auront besoin de secours dans les trois prochains mois
L’Ocha demande ainsi 71,4 millions de dollars, en plus des 10 millions déjà débloqués pour venir en aide immédiatement aux personnes impactées en Libye, a-t-il expliqué. Mais il avertit que 880 000 personnes auront besoin d’être secourues dans les trois prochains mois, dont plus de 39 000 personnes déplacées, sans nourriture et sans abri.
L’accès à la zone la plus sinistrée reste très difficile, les routes et les ponts ayant été détruits, c’est pourquoi l’Ocha relaie l’appel du maire de Derna pour la création d’un corridor maritime pour l’aide humanitaire. Une aide humanitaire qui vient soutenir les premiers secours, dont ceux apportés par le Croissant-Rouge, actif depuis le début et qui dit avoir encore l’espoir de retrouver des survivants parmi les décombres et la boue.
Les organisations internationales et les ONG fournissent des sacs mortuaires, le Comité international de la Croix-Rouge en a expédié 6 000, les corps jonchant encore le sol des quartiers inondés et dévastés de Derna.
Les premiers hôpitaux de campagne sont arrivés. La France étant en train de monter le sien. Paris a envoyé des avions militaires avec à leur bord, 40 tonnes de matériel pour installer un hôpital militaire de campagne. Un troisième avion est attendu ce vendredi avec le reste du fret. L’équipe pourra alors prendre la route, en camion, vers Derna. Marie Peucelle, lieutenant-colonelle de l’armée de terre, dirige ce détachement de la sécurité civile.
RFI