À la faveur du 28 septembre, date historique, le prési de la transition, Mamadi Doum-bouillant, a rendu hommage aux héros de l’indépendance. Le Premier ministre et le prési du CNT, entre autres, se sont recueillis sur la tombe d’Ahmed Sékou Tyran. Au même moment, l’Axe pleure ses « martyrs » inhumés au cimetière de Bambéto.
Le 28 septembre 1958, la Guinée a mis faim à la colonisation française. Elle a voté ‘’Non’’ au référendum gaulliste et devient indépendante le 2 Octobre 1958. Le 28 septembre 2009, une centaine de Guinéens ont été massacrés au stade de Cona-crimes, une centaine de nounous violées. Sur la page Facebook de la Présidence, Mamadi Doum-bouillant déclare : «Je rends un vibrant hommage à ces héros qui ont su écrire cette belle page de l’histoire de la Guinée, notre héritage commun. Ces pères de l’indépendance qui ont semé dans nos veines les graines de la dignité, faisant de nous un peuple qui s’attache à son pays, à la terre de ses ancêtres.» Il invite chacun « à enseigner le pardon, à entretenir la culture du dialogue et du vivre-ensemble pour conjurer à jamais le spectre de l’intolérance dans notre maison commune.»
Dansa Courroux-ma, prési du CNT, Nanard Goumou, PM, Karamo Diawara, secrétaire gênant des Affaires religieuses et Mohamed Saliou Camara, premier imam de la mosquée Fayçal, se sont recueillis sur la tombe d’Ahmed Sékou Tyran. Ils ont aussi rendu hommage aux compagnons de l’indépendance et aux résistants à la pénétration coloniale. «Nous rendons hommage à Ahmed Sékou Touré, à sa famille et à ses compagnons. Il a ouvert la voie à l’indépendance en Afrique. Nous sommes émus, c’est, un jour, exceptionnel. C’est la victoire de la reconnaissance contre la négation. Nous sommes indépendants et fiers des fils et des filles qui ont renoncé à l’opulence du pouvoir pour servir la patrie. Ils se sont sacrifiés afin que nous vivions libres. Que Dieu accepte dans son paradis ceux qui ont versé leur sang pour notre liberté et notre dignité », déclare Dansa Courroux-ma.
En septembre 2021, Mamadi Doum-bouillant s’est recueilli sur la tombe d’Ahmed Sékou Tyran et sur celle de Fory Coco, à Bouramaya.
«Tombés pour des causes nobles »
Les jeunes de l’Axe, eux, ont célébré autrement le 28 septembre 1958 : défrichage du cimetière de Bambéto, où sont inhumés une centaine de « martyrs », généralement jeunes, tombés lors des manifs socio-politiques. En septembre 2021, Mamadi Doum-bouillant, en quête de popularité, s’est recueilli sur « les martyrs », au cimetière de Bambéto, gazé et fermé par Alpha Grimpeur.
Dame Maï Kadija Bah, membre de l’Axe GN 65 : «L’instauration de la démocratie a fait nombreuses victimes en Guinée. Autant que l’on veut cela cesse, autant nous commémorons nos martyrs qui se sont battus pour des causes nobles. Nous allons continuer le combat pour une démocratie complète.» Pour Saïkou Souleymane Diallo, de l’Axe GN 65, il faut à la fois commémorer le massacre du 28 septembre 2009 et célébrer le 28 septembre 1958. «Nous assainissons le cimetière de Bambéto pour rendre hommage à nos camarades enterrés ici. Ce n’est pas facile d’entrer dans ce cimetière, où une centaine de camarades sont inhumés. Néanmoins, c’est notre histoire, il faut l’assumer. J’invite les Guinéens à l’unité.»
Remords, pitié…
«C’est un grand remords, une grande peine pour les familles des victimes. Nous prions Dieu afin que les âmes de celles-là reposent en paix. Nous demandons au gouvernement de nous aider à stopper les tueries, ce n’est pas de leur volonté qu’ils sont tués. Le gouvernement a les armes, il doit éviter l’usage de la force pour nous préserver des morts. Nous demandons aux riverains de l’Axe de cadrer les jeunes afin de préserver des vies », préconise Mamadou Saliou Barry, habitant de l’Axe, venu débroussailler le cimetière de Bambéto. Et d’inviter les jeunes à montrer au monde « qu’ils ne sont pas violents. Nous voulons la liberté pour la Guinée, pas pour acculer qui que ce soit, aux autorités de bien gérer les choses afin que tout le monde soit sur la même voie.»
Justice pour les victimes !
Abdoulaye Barry, venu de Hamdallaye : «C’est avec un cœur alourdi de tristesse que nous sommes là, aux côtés de nos morts depuis 2007. Aussi, sous la transition, de nombreux jeunes, sont tués. Le Colonel Mamadi Doumbouya n’a pu tenir ses promesses, les anciennes pratiques demeurent. Nous réclamons justice pour toutes les victimes injustement tuées à cause de leurs droits et opinions.» Pour mettre faim aux violences sur l’Axe, Abdoulaye Barry estime qu’il faudrait respecter les engagements du 5 septembre 2021 et que le gouvernement comprenne que l’Axe est une partie de la République. «Nous ne sommes pas du ghetto, nous sommes de citoyens guinéens », renchérit-il.
Yaya Doumbouya