En marge de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies, le Chef de la junte, le colonel Mamadi Doum-bouillant, a eu un tête-à-tête avec la secrétaire gênante de l’Organisation internationale de la francophonie. Dame Louise Mushikiwabo en a profité pour tresser des lauriers à l’homme fort de la Guinée. Elle estime que le prési du CRND est sur la bonne voie. Une sortie médiatique loin de faire l’unanimité en Guinée. Sékou Koundouno du FDNC décoche des flèches contre l’ancienne chef de la diplo-magie de Paul Kagamé. Il fustige « le déni de la réalité aberrant de la Secrétaire générale de l’OIF Rose Mushikiwabo » dans sa sortie que voici.
Les éloges dithyrambiques de la Secrétaire Générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, encensant à grands renforts d’adjectifs qualificatifs le Chef des putschistes guinéens, Mamadi Doumbouya, alors que la transition se trouve au point mort, sont de nature à jeter l’anathème sur son institution et à la décrédibiliser de manière irréversible aux yeux des Guinéens.
L’on se serait cru dans un canular si Madame la SG de l’OIF n’avait elle-même pas tenu les propos suivants: « Dans l’évaluation de l’OIF, la Guinée est un des pays qui avancent le mieux. Les engagements du Chef de l’Etat et du pays par rapport à l’OIF sont respectés. » Et de renchérir sans sourciller : « Le président me donne l’impression d’un homme sincère, c’est vrai que c’est notre première rencontre, mais je l’ai suivi depuis un an ce qu’il dit et ce qu’il fait. Pour une organisation comme la nôtre, c’est important de pouvoir compter sur des dirigeants qui font des efforts pour suivre leurs engagements ».
Deux ans après le coup de force du 5 septembre 2021, rien, absolument rien qui concourt au retour à l’ordre constitutionnel n’a été fait. Il n’existe pas encore de projet de Constitution, ni de Code électoral ni d’Organe de gestion des élections, ni d’opérateur technique ni de Fichier électoral. La junte est plus préoccupée à lancer et inaugurer des chantiers et à sévir contre les acteurs socio-politiques qui dénoncent ses dérives qu’à préparer les élections. Mais de quelle avancée nous parle-t-elle? Comment est-ce possible d’insulter l’intelligence des Guinéens à ce point ?
Quant au mot « sincère » qu’elle emploie allègrement, c’est à se demander si la SG n’est pas frappée de cécité et de surdité tant le contraste entre les engagements pris par Doumbouya et leur réalisation est saisissant : violation des principes et règles élémentaires de la démocratie et de l’Etat de droit, corruption institutionnalisée à l’échelle industrielle, répression sauvage de manifestations, sont désormais les maux avec lesquels les Guinéens composent au quotidien à une allure jamais enregistrée auparavant.
En faisant ainsi éhontément l’éloge du Chef des putschistes, Madame Mushikiwabo est en déphasage complet et en déconnexion totale avec la crise multidimensionnelle que traverse la Guinée. L’on est en droit de se demander si elle agit par ignorance ou par mauvaise foi ? A moins qu’elle ne soit en opération téléguidée du Maître de Kigali dont l’aversion profonde pour l’Etat de droit et la démocratie est un secret de polichinelle.
Dès lors, qu’est-on en droit d’attendre d’une femme qui a été biberonnée par un régime autoritaire impitoyable prompt à réduire en miettes toute opposition ?
Pendant que le Chef des putschistes parade à New York aux frais du contribuable et exporte ce que son gouvernement sait faire le mieux, la démagogie, les filles et fils de Boffa font l’objet d’une répression sanglante de la part de ses acolytes alors que celles et ceux de l’Axe ont à peine commencé leur deuil. Madame la SG de l’OIF peut-elle nous commenter ces atrocités passées sous silence ?
Sékou Koundouno, Responsable des stratégies et planification du FNDC