Le 23 octobre, le tribunal de première instance de Dixinn a clos les débats dans le dossier El Hadj Abdourahmane Diallo dit El Hadj Doura. Le dernier accusé, Thierno Ciré Sow alias Kams, a plaidé non coupable.
Sa comparution était très attendue. Thierno Ciré Sow dit Kams n’a pas déçu. L’accusé, considéré par la partie civile comme un des cerveaux du rapt d’El Hadj Doura Diallo, a nié les faits. Kams qui disait lui-même avoir hâte de raconter sa version des faits, est raconté dans les détails comment son nom a été mêlé à cette affaire. D’entrée, il a dit au tribunal qu’il ne connait ni de près ni de loin Lama Kaba, l’accusé en cavale qui aurait porté à la connaissance du fils du défunt son implication. Selon lui, l’enlèvement d’El Hadj Doura a coïncidé à la maladie de sa mère : « Elle était hospitalisée au Centre mère et enfant». Il aurait même réussi à sortir du territoire pendant que la gendarmerie était sur l‘enquête : « J’ai constaté que la santé de ma maman se détériore, j’ai décidé de l’évacuer au Maroc. Nous y sommes restés deux semaines, du 20 décembre 2017 au 5 janvier 2018. Je suis passé par l’aéroport sans être inquiété. La même chose s’est passée à mon retour. Si j’étais incriminé, on m’aurait interpellé à l’aéroport ».
Les ennuis de Thierno Ciré Sow commencent véritablement le jour du décès de sa mère, le 6 janvier 2018. Kams ne savait pas que Lama Kaba avait dit au fils d’El Hadj Doura qu’il était un des cerveaux du rapt. L Kaba, pour avoir des sous, avait informé la partie civile du décès de sa mère : « Au cimetière, des gens me photographiaient même quand je déposais ma mère dans sa tombe, mais je n’ai pas réagi parce que je venais de perdre la femme de ma vie. Je suis rentré tranquillement à la maison. Deux heures après, mon cousin ramenait des parents à Lambanyi, il se fait arrêter par des gens se réclamant de la Direction centrale de la police judiciaire. Le soir, les mêmes personnes sont allées me chercher chez moi pendant j’étais à la grande famille à Hamdallaye». Kams décide alors d’aller se plaindre à la DPJ, il y est retenu pendant 11 jours : « Le directeur de la police judiciaire m’a dit qu’ils n’ont dépêché aucune équipe pour une interpellation. Le chef d’opération a parlé avec la gendarmerie, celle-ci a dit qu’elle me recherchait. J’ai fait 11 jours à la DPJ. C’est quand mon avocat a écrit au parquet de Kaloum que j’ai été déféré à Dixinn. Ils ont voulu faire croire que je n’ai fait que 3 jours, j’ai refusé de signer le procès-verbal».
Dans sa déposition, la partie civile avait révélé avoir trouvé Kams confortablement assis dans les bureaux climatisés de la DPJ. Faux, selon l’accusé : « Quand j’ai entendu cela, je n’en revenais pas. Quand ils sont allés, j’étais au violon, ils ne pouvaient même pas imaginer que j’y étais. Moi, je l’ai vu avec le général Ibrahima Baldé(ex Haut commandant de la gendarmerie, ndlr). C’est à travers le registre qu’ils m’ont retrouvé. Nous recherchons tous la vérité, ce n’est pas bon de travestir l’histoire».
Kams estime qu’il subit un emprisonnement arbitraire : « Je suis poursuivi de manière fantaisiste». Il rappelle que celui qui l’a accusé a réussi à soutirer de l’argent à la partie civile pour donner des «informations fallacieuses».
Son avocat a soulevé des exceptions de nullité. Maitre Mbomby Mara explique que son client est détenu à la Maison centrale de Conakry sans mandat. Il justifie sa posture par le fait, selon lui, que Kams ait bénéficié d’une liberté conditionnelle : « Le parquet a interjeté appel contre l’ordonnance de mise en liberté. Mais le parquet général n’a fait aune diligence pour que l’appel aboutisse. Il n’était même plus dans les délais, selon l’article 300 du Code de procédure pénale». Le parquet s’oppose : « Ces exceptions sont sans fondement, la défense interprète mal l’article 300 ».
Le tribunal rejette les exceptions, estimant qu’elles sont, à ce stade, sans objet. L’affaire est renvoyée au 6 novembre prochain.
Yacine Diallo