En session extraordinaire depuis le 9 octobre, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) vient d’infliger un nouveau camouflet au Garde des Sceaux. Il estime que les sanctions prises contre les deux magistrats de Labé ne sont pas justifiées.
En août dernier, le Garde des Sceaux Alphonse Charles Wright suspendait de leurs fonctions deux magistrats en service au tribunal de première instance de Labé, pour « insuffisance professionnelle et insubordination ». Le ministre de la Justice reprochait à Cé Avis Gamis, substitut du procureur et Moussa Mariam Camara, juge, d’avoir mal jugé, mais aussi de tenir tête à leur département de tutelle. Juste pour avoir mis en prison une certaine Asmaou Diallo. L’affaire avait fait les choux gras de la presse et des réseaux sociaux et avait suscité une véritable levée de boucliers au sein de la corporation, au point que l’Association des magistrats de Guinée (AMG) a déclenché un débrayage pour exiger de Charles qu’il revienne sur sa décision. Ce débrayage avait fortement paralysé le secteur judiciaire. Lui Charles, avait préféré saisir le Conseil supérieur de la magistrature. Il vient de le débouter, estimant que les magistrats n’ont commis aucune erreur, aucune faute professionnelle. Le CSM invite le garde des Sceaux à lever leur suspension.
Une bouffée d’air pour les concernés ? Pas vraiment. Charles Wright n’est pas du genre à lever facilement le pied. Mohamed Diawara, président de l’AMG avait été suspendu, le CSM lui a donné raison depuis décembre 2022, mais la décision reste encore en souffrance. Il ne serait toujours pas rétabli dans ses fonctions. Malgré la décision du CSM donnant raison aux deux magistrats, ces derniers n’auraient toujours pas reçu notification de la décision.
L’AMG, elle, préfère temporiser. Elle veut laisser la chance aux négociations enclenchées en septembre. Au ministère de la Justice, on reste silencieux. Pendant ce temps, Asmaou Diallo dont la condamnation a engendré tout ce brouhaha, se promène librement entre Labé et Conakry, sans purger sa peine. Les parties civiles se battent pour programmer son procès en appel.
Yacine Diallo