Le procès d’Oyé-Oyé Guilavogui, ancien ministre des Télécoms, s’est poursuivi ce 18 octobre par devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Le juge, Alhassane Mabinty Camara, a mis en délibéré la demande de mise en liberté de l’accusé, pour le 25 octobre. Et la Cour écrira à la Banque centrale pour avoir les relevés bancaires de l’ancien ministre d’Alpha Grimpeur.

Oyé-Oyé Guilavogui a été coffré le 31 mai 2022 à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Son procès tourne autour de 50 millions de dollars ricains, prêtés par Exim-bank à la Guinée pour la relance de la Société guinéenne des télécommunications (Sotelgui). Le procès s’est interrompu en juin dernier en raison du retrait de ses avocats qui dénonçaient « la nouvelle allure de la procédure. » La Cour a écrit au Barreau de Guinée à l’effet de commettre d’office un avocat pour assister Oyé-Oyé Guilavogui. Sans succès. A l’audience du 11 octobre, l’ancien ministre a déclaré à la Cour ne pas pouvoir s’offrir les services d’un avocat, ses comptes bancaires étant bloqués. Ainsi, le juge, Alhassane Mabinty Camara, a relancé la demande au Barreau de Guinée.

Le renvoi de la polémique

A l’audience de ce 18 octobre, les avocats (sans vinaigrette) d’Oyé-Oyé Guilavogui ont repris le dossier. D’entrée, le pro-crieur, Moustapha Mariama Diallo, demande un renvoi pour la comparution du dernier témoin (travailleur de la Sotelgui) dans l’affaire. Me Amadou Baben Camara, de la partie civile (Agent judiciaire de l’Etat), abonde dans le même sens : « Le renvoi est nécessaire. » Me Saliflou-flou Béavogui, de la défense, dénonce « un renvoi de trop. Bientôt deux ans que mon client est en prison. Pourtant, il est de très bonne foi. Il a justifié l’origine de ses biens. Il a servi l’Etat et ne s’est jamais servi de l’Etat. » L’avocat prie la Cour de rejeter le renvoi, « pour ne plus faire souffrir » son « client en détention. Nous nous opposons fermement aux éternels renvois. »

Enième demande de mise en liberté

Me Saliflou-flou Béavogui introduit une nouvelle demande de mise en liberté pour l’ancien ministre d’Alpha Grimpeur. C’est le cinquième dans le dossier. Selon lui, Oyé-Oyé Guilavogui « n’ira nulle part. Son passeport est saisi, ses comptes bancaires sont bloqués, sa maison est saisie. » Me Aboubacar Doum-bouillant, l’autre avocat de l’ancien ministre des Télécoms : « La demande de renvoi est fantaisiste. Il est vexatoire de maintenir notre client en prison. Il n’y a pas de meilleurs témoins que la société Huawei-Guinée, l’ancien ministre de l’Economie et des finances (Kerfalla Yansané). C’est inutile de le maintenir en prison. »

En clair, la défense s’oppose à la comparution du dernier témoin qui a même entraîné leur retrait du dossier en juin dernier.

Positions du parquet de la partie civile

La partie civile s’oppose à la demande de mise en liberté d’Oyé-Oyé Guilavogui, comme d’habitude. Me Baben Camara indique que l’accusé n’aurait apporté aucune preuve, qu’il n’a pas détourné les 50 millions de dollars ricains. « Je demande à la Cour de rejeter de façon énergique la demande de mise en liberté de l’ancien ministre ». Moustapha Mariama Diallo, le pro-crieur : « Nous estimons que la déposition de témoin est nécessaire. Le renvoi s’impose ». Il invite la Cour à rejeter la demande de mise en liberté d’Oyé-Oyé Guilavogui, « elle est dilatoire et n’est basée sur aucun élément pertinent. »

Au finish, le juge Alhassane Mabinty Camara a mis en délibéré la demande de mise en liberté de l’accusé, pour le 25 octobre et pour la comparution du dernier témoin. Aussi, pour écrire à la Banque centrale à l’effet  de lui fournir les relevés bancaires de l’accusé.

 Yaya Doumbouya