Le 27 Octobre 2023, les Turcs ont commémoré dans la ferveur, le centenaire de leur bien aimée République qui était jusqu’au 21 octobre 1923 un Sultanat. Recep Tayyip Erdoğan, le Prési démon-crate du coin a laissé s’épancher son bonheur, maintes fois contrarié par ses compatriotes à travers des tentatives de coups d’État qui ont souvent fait long feu.
L’histoire de la Turquie est fabuleuse et mérite, par un détour, d’être contée. En effet, l’Empire Ottoman a connu, au 18ème siècle, un extraordinaire rayonnement qui lui a permis de s’étendre du Golfe du Bosphore jusqu’en Scandinavie, en couvrant l’Europe, d’Est à l’Ouest. Les reliques de cette présence sont encore visibles de nos jours dans la plupart des pays occupés. Durant des siècles, les Sultans Ottomans ont enseigné et imposé aux pays conquis et aux peuples soumis leur culture et leur civilisation. Ils ont dressé et façonné des peuples entiers.
En dépit de cette longue domination et de son empreinte indélébile sur les sociétés soumises, l’Empire Ottoman s’est étiolé géographiquement et institutionnellement au point de se rétrécir comme une peau de chagrin. Les vicissitudes sont passées par là. Les peuples dominés et asservis finissent toujours par se révolter et s’affranchir peu à peu de la soumission. Même Toto connaît la maxime. « On peut tromper une partie du peuple tout le temps ou tout le peuple pendant une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple pendant tout le temps ». Çà et là, cette logique implacable a traversé les immenses possessions Ottomanes réduites en 1923 à un simple Sultanat, exsangue et meurtri par la guerre gréco- turque (1919 – 1922). Pointe alors à l’horizon un messie, qui initie les réformes d’où émerge la Turquie moderne.
En effet, sous l’impulsion du Général Mustafa Kemal sublimé sous le nom d’Atatürk (Père Turc), le Parlement dominé par les Kémalistes liquide le Sultanat en 1923, instaure la République. Atatürk en devient le Président. Il entreprend de nombreuses et vigoureuses réformes institutionnelles et infrastructurelles et transforme la Turquie en un État moderne, doté d’une armée forte, avec des équipements militaires de pointe. Atatürk investit dans la formation du capital humain. Il sait que « Tant vaut l’éducation, tant vaut la Nation. » Il fait de l’administration Turque un levier efficace de développement. Il mécanise l’agriculture, y introduit des innovations technologiques et organisationnelles porteuses de progrès et qui en accroissent la productivité. Il met en place des mesures qui accélèrent l’industrialisation et boostent une production industrielle diversifiée. Dans de nombreux secteurs sociaux, économiques, culturels, etc.., Kemal fait faire à la Turquie un bond prodigieux. Lorsque le Père des Turques meurt en 1938, il laisse derrière lui une Nation fière, un pays en progrès, un Etat moderne.
De Mustafa Kemal à Recep Tayyip Erdoğan, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Nombreuses sont les convergences et les divergences entre les deux hommes. La principale valeur qu’ils partagent est leur amour pour la patrie, leur amour pour la Turquie dont le progrès et l’unité demeurent pour eux un incontestable sacerdoce.
Abraham Kayoko Doré