Amadou Damaro Camara pensait peut-être s’être tiré d’affaire, il n’est sûrement pas au bout de ses ennuis judiciaires. L’ex président de l’Assemblée nationale pourrait ne pas jouir de sa mise en liberté ordonnée par le juge, Francis Kova Zoumanigui, le 9 octobre.

Amadou Damaro Camara a attendu toute la nuit à l’hôpital. Le parquet lui a fait croire qu’il se faisait tard et qu’il allait recouvrer sa liberté dès les premières heures de la matinée du mardi 10 octobre. Le parquet spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières a décidé finalement d’interjeter appel à la chambre des appels. Damaro Camaro restera donc en détention, du moins alité à l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéenne jusqu’à la nouvelle audience.

Le parquet spécial estime que les arguments qu’il a développés lorsque cette question de mise en liberté s’est posée n’ont pas été pris en compte. Il s’inquiète de voir Damaro dehors au risque que celui-ci influence d’éventuels témoins ou réussisse à effacer des traces qui prouveraient sa culpabilité. Mais le juge a passé outre ces arguments, estimant qu’à ce stade, le prévenu ne pouvait plus influencer la suite de la procédure. Il a ordonné sa libération, conditionnée, entre autres, par la saisie de ses documents de voyage.

Bien de personnes s’interrogent sur ce qui se serait passé entre lundi soir et mardi matin au parquet spécial. Après la décision du juge, Lazarre Mamadi Bauret, substitut du procureur spécial, n’a laissé transparaître aucune volonté de relever appel. Il n’en a pas du tout fait cas. Au contraire, il avait même demandé au juge la décision écrite, afin de la faire exécuter. Il invoque finalement l’article 583 qui stipule que « Le prévenu détenu est maintenu en prison jusqu’à ce qu’il ait été statué sur l’appel du procureur de la République, et dans tous les cas jusqu’à l’expiration du délai de cet appel », pour le maintenir en détention.

La joie de Damaro et de ses proches aura donc été de courte durée : « Nous doutions que le procureur spécial et son parquet étaient dans un jeu loufoque », réagit un de ses avocats.

Yacine Diallo