Que de journées commémoratives ! Chaque être, vivant ou inerte, finira par avoir sa journée de célébrité. Chaque structure sociale ou professionnelle de la terre, de la mer a déjà la tienne. Il fallait bien que les gens-saignants aient la leur. Heureusement, l’UNESCO a bien voulu penser à eux. Le 5 octobre marque la Journée mondiale des enseignants. Instituée par l’UNESCO en 1994, elle vise à sensibiliser sur l’importance du rôle des gens-saignants, à faire un état des lieux de la qualité de l’enseignement et des conditions de travail à l’échelle mondiale.
Le thème de la Journée mondiale des enseignants 2023 : « Les enseignants dont nous avons besoin pour l’éducation que nous souhaitons : l’impératif mondial de remédier à la pénurie d’enseignants ». Un enjeu historique aussi bien mondial que national.
La pénurie d’enseignants s’explique dans certaines régions du monde, la situation politique et sociale empêche les bouffe-la-craie d’exercer dans des conditions de travail décentes. Cette pénurie n’épargne pas la Guinée qui a dû, il y a quelques années, recourir à des contractuels pour boucher les trous béants. Les besoins en enseignants étaient si énormes et pressants que l’Etat a recruté, à tout-va, sans tenir compte du niveau d’instruction, de la qualification et de la compétence.
Les formations sommaires qui leur ont été dispensées ne pouvaient combler les lacunes abyssales dont ils souffraient, ce qui ne pouvait manquer d’affecter la qualité du processus d’acquisition du savoir scientifique et culturel. Dans notre bled, il faut être d’une mauvaise foi notoire pour ne pas reconnaitre le bas niveau des élèves. Les résul-tares des examens nationaux de 2022 l’ont prouvé à suffisance. L’emploi des contractuels devrait être perçu comme une stratégie palliative et non comme une solution pérenne, car tant l’adage nous enseigne : « Tant vaut l’éducation, tant vaut la nation ».
Pour autant, l’enseignement reste un métier d’avenir en Guinée et ailleurs. En effet, l’enseignement est une fonction d’utilité publique qui permet de protéger et transmettre les savoirs aux générations suivantes et parfois à des personnes plus âgées qui souhaitent parfaire leur éducation. Le Français Jules Ferry l’a compris qui a rendu l’école obligatoire en France au XIXe siècle. Il est loisible de constater que les Nations qui ont réalisé des bonds scientifiques et technologiques prodigieux sont telles qu’elles ont lourdement investi dans leur système éducatif, en consacrant une fraction importante de leur budget à ce secteur. Celles qui refusent de se soumettre à ce sacrifice n’ont que de très peu de chance d’atteindre ces performances. Revisitez le Japon de Meiji, la Turquie de Kemal Atatürk et la Chine de Deng Xiaoping, vous serez stupéfait !
L’école permet également de développer des compétences diverses et prosaïques comme la planification de projets, la prise de parole en public ainsi que le management et le leadership. Pendant longtemps, l’enseignement a figuré parmi les professions les plus nobles et les plus respectées. Les femmes et les hommes qui l’exerçaient, étaient adulés et enviés. Vive la journée mondiale des enseignants ! Vivement la restauration de la noblesse du métier.
Abraham Kayoko Doré