Le procès du massacre du 28 septembre 2009 tend vers une autre phase. Ce mercredi 25 octobre, les trois dernières victimes ont témoigné devant la barre du tribunal de Dixinn délocalisé à Kaloum.

Boubacar Barry, marchand, domicilié au quartier Entag-Marché (commune de Matoto), a affirmé que le 28 septembre 2009, il a répondu à l’appel des leaders politiques comme tous les autres. Arrivé à l’intérieur du stade, quand les tirs ont commencé, il a cherché à se sauver. Dans la foulée, il a rencontré des bérets rouges (militaires de la garde présidentielle) qui l’ont ligoté avec les cross de leurs fusils. Il s’en est sorti avec des blessures sur tout son corps. 

Lamine Sow, chauffeur, habitant au quartier Dar-Es-Salam 2, raconte que le 28 septembre 2009, il est arrivé au stade à  10h. « Au moment où nous étions en train d’attendre le discours des leaders politiques, vers 11h, les crépitements des balles ont commencé. J’ai vu des gens tomber. J’ai compris que c’était sérieux. Quand je sortais, une balle m’a atteint au niveau de la poitrine (sein droit). Deux personnes m’ont aidé à sortir du stade. Arrivé à la grande porte, nous avons croisé un véhicule de la Croix-Rouge. On m’a transporté à l’hôpital Donka, on m’a dit que mon cas était grave, on m’a envoyé au 5è étage. Quelques temps après, le ministre de la Santé est venu, c’est lui-même qui a fait l’intervention chirurgicale… » 

Makhissa Bangoura, à 7h en tant que militante de l’UFDG, s’est rendu au stade avec d’autres militantes. « Au niveau de la terrasse, j’avais des sifflets, j’ai partagé  aux femmes, nous étions en train de danser. Nous avons dansé longtemps. Entre temps, le colonel Moussa Tiegboro Camara est arrivé avec des pick-up. Un gendarme m’a vue et m’a reconnue. Mais quelques minutes après, les gendarmes ont lancé des gaz lacrymogènes, les gens couraient partout. J’ai tenté d’échapper, des gendarmes m’ont attaquée. Mais le gendarme qui m’a reconnue a dit à  ses amis de ne pas m’agresser ». Même si elle était blessée au genou, Makhissa Bangoura ne pointe pas du doigt quelqu’un.

Le procès renvoyé au 6 novembre

Ces témoignages des victimes mettent ainsi fin au défilé des parties civiles devant la barre depuis plus de six mois. Même si les avocats des parties civiles avaient continué à déposer des listes qui n’ont pas été acceptées. « Monsieur  le président, nous avions déposé des listes mais le greffe ne les a pas acceptées ». Le président du tribunal, Ibrahima Sory 2 Tounkara, n’a pas voulu qu’il s’étende sur cette question. « Nous n’allons pas à débattre de cela ici. Je sais de quoi vous parlez. Ce qui est sûr,  la liste qui m’a été transmise, il n’y a plus de victimes. Donc, c’est fini, nous allons ordonner la comparution des témoins ».

C’est alors que le procureur, Algassimou Diallo, a pris la parole pour demander au président du tribunal de renvoyer l’audience à deux semaines. Surtout que ce sont les témoins du parquet qui seront les premiers à comparaître, il demande qu’on lui donne ce temps.

Le président du tribunal  a renvoyé l’audience au 6 novembre 2023, pour l’audition des témoins.

Mamadou Adama Diallo