Le procès du massacre du 28 septembre 2009 de ce mardi 24 octobre a été de courte durée. Seules trois victimes ont passé à la barre, pour l’audience publique. Deux personnes qui ont perdu des proches et un jeune qui a été torturé au camp Alpha Yaya Diallo et au PM3 situé alors à Kaloum. Ils ont cédé la place à deux victimes de viol qui ont témoigné à huis clos.
Alpha Mamoudou Diallo a affirmé que c’est son enfant qui s’est rendu au stade le 28 septembre 2009. Vers 13h, la Croix-Rouge l’a appelé pour lui dire que son enfant, Alpha Oumar, a été blessé par balles. « On m’a appelé pour me dire qu’il a été transporté à l’hôpital Donka. Il est mort le mardi 29 septembre 2009 ; le lendemain, on nous a remis le corps, pour l’enterrement. »
Thierno Hassane Sow a indiqué que c’est son jeune frère Souleymane Sow qui s’est rendu au stade. « Depuis ce jour, nous ne l’avons pas retrouvé. Nous l’avons recherché partout à Conakry. Dans les commissariats, la gendarmerie, au camp et à l’hôpital. Jusqu’à présent, nous ne l’avons pas vu ».
Mamadou Bobo Diallo, chauffeur habitant au quartier Koloma, a indiqué que le 28 septembre 2009, il a rejoint ses amis au rond-point Bambéto. Ceux-ci lui ont dit de les suivre, pour aller au stade. Il était réticent dans un premier temps, mais comme la foule était nombreuse, il les a suivis. Arrivé à Dixinn terrasse, ils sont restés dehors quelques minutes, avant d’entrer à l’intérieur du stade. Quand les tirs ont commencé, il a demandé à ses amis de faire tout, pour sortir du stade. « Comme il y avait beaucoup de monde, j’ai perdu les traces de mes amis. J’ai plusieurs fois tenté de sortir du stade, je n’ai pas pu. Quand je suis sorti, j’ai trouvé des policiers, gendarmes et bérets rouges, il y avait beaucoup personnes, ils nous ont mobilisés et ont commencé à nous frapper. Ils nous ont embarqués pour envoyer au camp Alpha Yaya, à l’immeuble des services spéciaux, chargé de la lutte contre la drogue. Là-bas, ils nous ont frappés, ligotés. Ils m’ont blessé. Nous avons été séquestrés et frappés pendant 3 jours. Après, ils nous ont embarqués pour nous envoyer en ville, nous sommes restés 4 jours. Ils nous ont libérés. »
Vers la fin de l’audition des victimes, le président du tribunal Ibrahima Sory 2 Tounkara, a dit qu’il n’y a plus de victimes sur sa liste, avant d’ordonner le huis clos pour entendre deux femmes victimes de viol. Après le procès a été renvoyé à demain 25 octobre, pour la suite.
Mamadou Adama Diallo