Mohamed Lamine Sacko alias Waraba était devant dame Thémis, le 12 octobre au TPI de Mafanco. Le militant du RPG arc-en-ciel y était traduit pour « offense au Chef de l’Etat». Il a été purement et simplement relaxé.

Tout est allé très vite pour Mohamed Lamine Sacko dit Waraba, fervent militant de l’ex parti au pouvoir, le RPG et très proche du Prési déchu, Alpha Grimpeur. Alors qu’il sirotait tranquillement son petit café dans un café à Nongo, dans la commune de Ratoma, le 11 octobre, Waraba, déjà objet de plusieurs tentatives d’arrestations, est cueilli par des agents de la Brigade anti criminalité n°8, déposé manu militari à Kakimbo, puis à la Direction centrale de la police judiciaire.

On l’accuse d’avoir tenu de propos peu orthodoxes à l’encontre du prési de la transition, le colonel Mamadi Doum-bouillant. Il y passe la nuit, déféré le lendemain devant le parquet de Mafanco inculpé pour « offense au Chef de l’Etat». Il a été jugé dans l’après-midi du 12 octobre. Lamine Waraba Sacko dont l’accusation découle d’un enregistrement sonore où on l’entendrait parler de « Président », balaie d’un revers de la main les faits. Il explique avoir été enregistré dans ce café alors qu’il discutait avec un militant du parti PEDN.

Devant le juge, Lamine Waraba indique qu’il parlait d’Alpha Grimpeur, son mentor : « Je lui (militant PEDN, ndlr) palais des réalisations du Président Alpha Condé. Lui tentait de me convaincre que le professeur Alpha Condé n’a rien pu faire parce qu’il aurait trahi Lansana Kouyaté. Je ne parlais pas du Président de la transition».

Dans l’audio on entendrait Waraba parler de manifestations. Un mot banni du dictionnaire du CNRD, surtout quand il vient de quelqu’un comme le prévenu dont on connait la capacité de mobilisation au sein de la jeunesse du RPG. Mais lui, jure qu’il parlait des manifs pendant le règne d’Alpha Grimpeur : «Peut-être c’est ce qu’ils ont entendu et ont pensé que je parlais d’éventuelles manifestations».

L’audience a tourné court, le ministère public n’ayant pratiquement aucune preuve pour étayer ses accusations. Le pro-crieur, Kanfory Ibrahima Cas-marrant, n’est pas passé par mille chemins pour requérir la relaxe : « Il n’a nullement parlé du Président de la transition. Dans l’enregistrement, il n’y a aucun propos malveillant. Le ministère public ne va se cacher, qu’il vous plaise de ne pas le retenir dans les liens de la prévention».

Une aubaine pour la défense. Celle-ci, convaincue, que leur client paie pour sa proximité avec le Grimpeur, a soutenu les arguments du ministère public : « le seule défaut de Lamine, c’est son amour pour Alpha Condé, on lui en veut parce qu’il refuse de changer de veste».

Le prési du tribunal, Soulymane I Traoré a finalement déclaré Lamine Waraba non coupable du délit d’offense au Chef de l’Etat, l’a renvoyé des fins de la poursuite. Selon ses avocats, sa libération sonne comme une victoire pour la justice.

De l’enregistrement frauduleux

Dans cette affaire le prévenu a été accusé à son insu. Il ne s’en est rendu compte qu’à la DPJ. Dès l’ouverture de l’audience, ses avocats ont soulevé des exceptions de nullité, arguant le fait que la loi ne permet pas d’enregistrer un tiers sans son consentement. Ils sont d’ailleurs convaincus que le parquet, en visant l’offense au Chef de l’Etat, a fait une ‘’interprétation erronée’’ du Code pénal : « Pour que cette offense soit réelle, il faut un discours, un écrit, un imprimé…distribué ou vendu dans un lieu public, mais il n’y a qu’un enregistrement sonore clandestin. C’est une fraude à la loi, le fait de l’enregistrer est une infraction. Or, on ne peut pas commettre une infraction pour prouver une autre infraction. Cette affaire ne mérite pas d’être débattue au fond parce qu’elle procède de l’illégalité», explique Me Sidiki Bérété.

Le ministère public s’oppose fermement : « Nous n’entrons pas dans un débat insoluble…le parquet ne s’est pas trompé». Les exceptions sont rejetées par le juge.
Fin juin dernier, Lamine Waraba avait déjà échappé à une tentative d’arrestation à Kankan. Des hommes en civil avaient tenté de l’enlever, alors qu’il participait à la Mamaya de Kankan.

Yacine Diallo