L’assemblée générale hebdomadaire de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) s’est tenue le 11 novembre, au siège de Commandayah. Cellou Baldé, coordinateur des fédérations UFDG à l’intérieur du pays, mécontent de la conduite de la transition, du processus devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel, a décoché des flèches contre la junte.

Treize mois seulement nous séparent de la fin de la transition, du moins théoriquement. Le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) est censé remettre le trône, en décembre 2024, à celui que le peuple de Guinée aura librement choisi. Mais cette hypothèse est loin d’être plausible, tant les actes posés par la junte sont loin de concourir au transfert du pouvoir à un Président civil. On est plutôt tenté de croire qu’elle fait tout, pour provoquer un glissement de calendrier et s’accrocher au pouvoir. Malgré l’accord dynamique conclu avec la CEDEAO sur 24 mois, le CNRD se refuse à tout compromis avec les acteurs politiques locaux et fonce, la tête sur le guidon, sur son agenda.  À la rencontre de l’UFDG du 11 novembre, Cellou Baldé a flétri ce comportement : « Les évènements qui se déroulent dans le pays sont la résultante de l’accumulation des frustrations. La transition est en train de tanguer. Nous l’avons dit au début : plus la transition est courte, mieux c’est, plus elle est longue, plus elle devient un risque. Il est important que le CNRD mette à profit les treize mois qui restent pour dialoguer avec les véritables forces vives de Guinée, afin que nous puissions nous parler les yeux dans les yeux et discuter du retour à l’ordre constitutionnel». Il justifie sa colère par le fait que la junte a décidé de reléguer au second plan les points devant conduire au retour des civils au pouvoir : « On a parlé du symposium de la constitutionnalité, du débat d’orientation constitutionnelle. Depuis 6 mois, le pied est mis sur toutes ces initiatives. Après 25 mois de transition, il n’y a pas d’avant-projet de fichier électoral, de loi électorale, de Constitution. Comment voulez-vous que le Guinéen croit en la sincérité des autorités de la transition. Ce qui est orchestré actuellement, c’est pour ne pas que nous sortions de la transition. C’est une manière de confisquer le pouvoir », dit Cellou Baldé.  

Le coordonnateur des fédérations UFDG à l’intérieur de la Guinée s’en prend aussi au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation qui cherche à tout prix à s’arroger les prérogatives de la CENI, afin d’organiser tranquillement les prochaines élections. Selon Cellou Baldé, l’UFDG est catégorique : pas question de laisser passer cela : « À l’UFDG, c’est un niet catégorique, nous ne l’accepterons pas. Le MATD n’organisera pas les élections pour sortir de la transition. L’article 77 de la transition dit que le calendrier électoral est défini de commun accord entre les Forces vives de Guinée et le CNRD… Le MATD, ce sont les sous-préfets, les préfets, les gouverneurs, les cadres incompétents et partisans qui ont contribué à la fraude électorale pendant les élections passées. Nous disons aux autorités de la transition que nous ne l’accepterons pas. Nous voulons un organe de gestion indépendant, pour organiser les élections».

Cette assemblée générale était organisée par la Section motards, puissant mouvement de soutien du parti. Depuis Dakar, Cellou Dalein Diallo, le président de l’UFDG, s’est s’adressé aux militants : « Je suis très fier des militants qui se mobilisent pour défendre nos valeurs et continuer la lutte pour notre accession au pouvoir, avec l’unique ambition de redresser et servir la Guinée ». Le président de l’UFDG conduira une mission d’observation de l’élection présidentielle du 16 novembre à Madagascar. Un scrutin qui pourrait se tenir sous haute tension, bien des candidats réclament son report.

Yacine Diallo