Le procès de l’ancien patron de l’Assemblée nationale, Amadou Damaron-ron Camara, a repris le 30 novembre à la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. L’audience a été consacrée aux réponses adressées à la Cour par la Banque centrale, la Société des eaux de Guinée, l’Electricité de Guinée et le Conseil national de la transition, CNT.
Dans sa déposition du 9 octobre dernier, Amadou Damaro Camara, avait essayé de battre en brèche les accusations d’enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, détournement de deniers publics, entre autres. Il avait prétendu avoir dépensé 9 des 15 milliards de francs glissants incriminés dans le décapage du site devant abriter le nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma, les installations des lignes d’eau et d’électricité sur les lieux et le paiement des primes des dépités d’alors. Le ponte de l’ancien parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, jurait avoir fourni toutes les preuves de ses allégations à l’enquête préliminaire. Le dossier a miraculeusement disparu entre la Direction centrale des investigations judiciaires et la CIREF.
Pour lever l’équivoque, le juge, Francis Kova Zoumanigui, a écrit à ces entités citées par le prévenu, pour s’assurer de la véracité ou non de ses déclarations. La Banque centrale, la Société des Eaux de Guinée, Electricité de Guinée et la questure du Conseil national de la transition auraient confirmé les dires du Damaron, du moins si l’on se fie à leurs pièces comptables. Le ministère public, à travers le substitut du pro-crieur, Lazare Mamady M’bauret, a demandé un renvoi pour « permettre à tout le monde de compulser les pièces ».
L’avocat de l’Etat guinéen abonde dans le même sens. Tout le contraire de la défense. Maitre Santiba Kouyaté demande à la Cour de passer outre les demandes de renvoi : « Ordonnez la suite des débats », a-t-il demandé. Francis Kova Zoumanigui renvoie l’affaire au 11 décembre prochain pour les « observations des parties sur les pièces ».
Mais auparavant, il a fait remarquer au prévenu qu’il n’a pas versé les titres de ses propriétés de Matoto et des États-Unis d’Amérique, comme le lui a demandé la précédente audience. Damaron-ron de préciser que « le titre est bien versé au dossier de la procédure. C’est un domaine que j’ai acquis en 1995, à 45 millions de francs guinéens. J’ai la copie notariée avec moi ici ». Pour ce qui est de la bâtisse aux Etats-Unis, le prévenu explique qu’il n’en est pas le seul propriétaire : « C’est un bien commun, j’ai encore de la famille là-bas. Ma femme et les enfants y vivent ». Sa réponse provoque l’ire du mystère public qui rappelle que Damaron-ron avait déclaré avoir vendu tous ses biens au pays de l’Oncle Sam. Le prévenu de rétorquer : « Je n’ai jamais dit que je n’ai plus rien aux Etats-Unis…il est extrêmement difficile de vendre quelque chose dont on n’a pas la propriété exclusive ». Il ajoute qu’il lui est aujourd’hui difficile de fournir le titre de propriété : « Je suis en prison, ma femme et mes enfants sont en Guinée, je ne sais pas comment faire ».
Yacine Diallo