Le 7 novembre, en assemblée générale à la Bourse du travail à Kaloum, la classe ouvrière guinéenne a déposé un préavis de grève générale en réponse « aux refus » du gouvernement et du patronat d’accéder à leurs revendications. Il s’agit, entre autres, de l’augmentation salariale et de la pension de retraite.

Depuis juillet dernier, le gouvernement, le patronat et le mouvement syndical guinéen discutent de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et des retraités. Il y a deux semaines, tout a capoté, à cause d’une « mauvaise foi du gouvernement et du patronat », accuse le syndicat.

Au sortir de l’assemblée générale du 7 novembre, Abdoulaye Sow, de la Coordination du mouvement syndical guinéen, déclare que l’incompréhension dans les négociations a atteint le summum. « Nos mandants souhaitent un préavis de grève, mais un dépôt de préavis de grève ne signifie pas rupture des négociations. Les parties sont obligées, conformément à la loi, de poursuivre les discussions afin de trouver une solution. Une issue est encore possible. »

Kader Aziz Camara, le porte-parole du mouvement syndical, déclare que les travailleurs seront accompagnés dans leur lutte. « On aura nos articulations à faire, nous avons les régionaux (syndicalistes), on leur donnera des instructions. »

« Le mouvement syndical se donne le droit d’user de tous les moyens légaux à sa disposition pour faire aboutir ses différents points de revendication », soutient le syndicat dans leur préavis de grève générale.  Abdoulaye Barry, le président de la commission des négociations syndicales, rappelle que le gouvernement a proposé 50% d’indemnité de transport. Pour le logement, il en propose de construire des logements pour les fonctionnaires. Ce que rejette en bloc la classe ouvrière. A propos de l’augmentation de salaire des travailleurs du secteur mixte, privé et informel à hauteur de 70%, le patronat n’a rien proposé depuis le début des négociations. « Nous  avons dénoncé un dilatoire que le patronat considère comme une injure. Nous avons retiré le mot, afin qu’il  fasse une proposition. En vain. Concernant les travailleurs déclarés à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), nous avons demandé à ce que les retraités bénéficient 50% de leur dernier salaire. Mais, on n’en a rien obtenu avec le gouvernement. Le patronat et le syndicat adresseront un courrier au Conseil d’administration de la CNSS. »

Prime, carte grise

La prime du départ à la retraite des fonctionnaires a été également un point d’achoppement.  Actuellement, explique Abdoulaye Barry, le fonctionnaire part à la retraite avec une prime de deux mois. Les syndicalistes en demandent pour douze mois, le gouvernement s’y oppose. L’obtention des documents administratifs biométriques (carte d’identité, passeport, carte grise, permis de conduire) divise le gouvernement et le syndicat. « Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile nous demande de lui écrire, afin qu’on puisse faciliter l’obtention des documents aux travailleurs. Mais l’obtention de permis de conduire et de la carte grise bloque les choses. Le gouvernement indique avoir signé un accord avec l’Union nationale des transporteurs de Guinée et la Fédération syndicale professionnelle nationale de transport et de la mécanique générale (SFPNTMG). Nous leur avons dit qu’on ne peut pas s’aligner derrière cet accord. Le gouvernement est resté sur sa position », d’où cet énième blocage, suivi du préavis.

Yaya Doumbouya