Novembre 2023 est le septième mois depuis que les pluies s’abattent abondamment sur la Guinée. Dans les quatre coins du pays. En plus de cette pluviométrie abondante, le pays regorge d’immenses ressources. A la fois du sol et du sous-sol. Il est si bien doté par dame nature que ses habitants n’auraient jamais dû le quitter pour leur bien-être.

Paradoxalement, les jeunes fuient le pays. Par la terre, l’air et la mer. Phénomène nouveau, désormais, il n’y a pas que les garçons qui prennent le chemin de l’aventure. Selon des infos, jamais les départs n’ont été aussi massifs que cette année. Chacun selon ses moyens. Certains partent pour l’Afrique Centrale et Australe. D’autres, pour le vieux continent. Par la filière méditerranéenne qui est la plus périlleuse. D’autres encore passent par la filière d’Amérique Centrale pour entrer dans le pays de l’Oncle Sam. Malheureusement, certains, comme Djamilatou Baldé, originaire de la préfecture de Mali, qui a été inhumée le 3 novembre dernier à Dubréka, n’arriveront jamais à destination.

Pas plus tard que la semaine dernière, d’autres familles ont été endeuillées par la perte d’un des leurs entre l’Afrique du Nord et l’Espagne. Comme ce garçon, Habiboulaye Diallo, 22 ans, décédé, lui aussi, sur la route d’Espagne. Des jeunes partis pour la plupart à partir du Sénégal. Devant l’absence de perspective pour elle, rien ne semble arrêter l’obsession de la jeunesse guinéenne à partir. Au prix de sa vie. Si le rythme actuel continue, la Guinée risque de se vider de sa jeunesse. Une situation qui en dit long sur l’état de notre Etat.

Parmi ces jeunes, les moins chanceux se retrouvent dans le ventre d’un requin dans la Méditerranée. Ceux qui parviennent à franchir l’odyssée méditerranéenne se retrouvent dans des conditions peu enviables en Europe. Dans un continent où, désormais, ils font l’objet de marchandage et de chantage entre les acteurs politiques, beaucoup d’entre eux déchantent vite. Ils se retrouvent dans une situation qu’ils ne peuvent expliquer à personne. D’autant plus que dans leur pays d’origine, les leurs se réjouissent et espèrent que c’est la fin de leur pauvreté et de leur misère. Tandis que celui qui incarne ce nouvel espoir se rend compte que l’Eldorado qu’il a tant rêvé est un véritable cauchemar.

Outre atlantique, la situation pour ceux qui ont bravé les difficultés et même la mort pour arriver à destination n’est pas moins dramatique. Pour eux, c’est la désillusion totale. Selon certaines informations, nombre d’entre eux devront attendre plusieurs années avant de voir un juge. Lequel décidera de leur sort. Ou plus exactement de leur statut dans ce pays. Si ces informations se confirment, certains nouveaux arrivants auraient rendez-vous pour 2035. D’autres en 2040 même.

Pendant ce temps, leurs camarades d’âge restés au pays se seront mariés. Ils auront fondé un foyer pour avoir femmes et enfants. Cela veut dire que la situation des migrants va de mal en pis. D’où la nécessité de freiner l’exode actuel. Pour créer les conditions nécessaires devant encourager les jeunes à rester au pays. Pour le moment, l’impression qu’on a, c’est que les gens veulent partir jusqu’à ce que les conditions de vie s’améliorent en Guinée, avant de revenir. Oubliant ainsi que le pays ne sera pas construit à leur absence.

Il est temps de prendre les mesures qui s’imposent pour donner un espoir à la jeunesse, afin que la fuite des bras valides s’arrête maintenant. Que les Guinéens comprennent que personne ne viendra développer leur pays à leur place. Pour le moment, le pays est en panne. Au lieu d’être une solution, les événements du 5 septembre 2021 enfoncent la Guinée dans le fond du gouffre.  La fuite sans précédent de la jeunesse n’a d’autres interprétations qu’une crise sans précédent.

Habib Yembering Diallo