Le mot Complot a été le leitmotiv de la logorrhée révolutionnaire du PDG dont l’interminable règne a marqué au fer rouge les différentes étapes du mal-vivre de la Guinée « indépendante, fière et…jaune. » Chaque couche socio professionnelle en a eu pour son compte. La Grande Muette qui vient d’inaugurer le premier hôpital militaire après 65 ans d’existence dira difficilement le contraire. En dépit des signes plus qu’évidents de blanchiment de notre Histoire.

Des complots, il y en a eu dans ce pays, fomentés par les paysans, les enseignants, les commerçants, surtout les militaires, et que sais-je encore ! Comme les historiens continuent de se faire tirer l’oreille pour passer le complot permanent au peigne fin, il convient de s’y intéresser, ne serait-ce qu’à titre de contribution au succès des festivités marquant le 65è anniversaire de la création de l’armée. On peut d’ores et déjà rappeler que la Révolution du PDG ne s’est pas privé de raccourcis pour réduire l’influence de tout ce qui bouge dans le pays, la justice et les forces armées notamment, et placer toutes les têtes sous le bonnet du Parti Inique.

Le Conseil National de la Révolution et l’Assemblée Nationale Populaire ont souvent servi de « tribunaux révolutionnaires » pour expédier des « comploteurs » sans défense au poteau, à l’échafaud ou devant le peloton d’exécution. Il est de notoriété publique que « les diverses commissions d’enquête » n’avaient pour conclusions valides que celles provenant du PDG, le Président Directeur Général du Parti, Responsable Suprême de la Révolution, le Président Ahmed Sékou Touré.  Des  manuscrits récents tombent au compte-gouttes, qui montrent que ce Camarade-là ne se faisait pas prier  pour les fonctions de chef de l’État et celles de patron incontesté des commissions nationales et régionales d’enquête.

On ne saurait affirmer tout de go que la première République n’a connu que de faux complots. Mais si d’aventure Kaman Diaby et Fodéba Kéita avaient uni leurs forces pour comploter vraiment contre Sékou Touré, le succès aurait été garanti. Laisse rêveur ce « crépitement de fils  électriques » du transformateur de la présidence de la République que Sékou a évoqué le 5 juillet 1971 au palais du Peuple, pour expliquer a posteriori « la forfaiture des commandants Zoumanigui et Bavogui à l’occasion des événements du 22 Novembre 1970. Ainsi a ironisé Moricandian Savané : « Le Guinéen a fini par s’armer de deux visages : le sien propre et celui qu’il réserve au Responsable Suprême de la Révolution quand il va le voir. »

Les décennies se suivaient et ça se corsait de jour en jour, surtout pour l’armée. Dans les années 1970, les militants en uniforme « attendaient le bateau, » en tapette, comme tout le monde. Dieu merci, le PAIGC était à Conakry le 22 Novembre 1970 pour que Sékou Touré puisse affirmer, toute honte bue, que « le peuple a défendu la Révolution et que Dieu l’a sauvée. » Les années 1980 n’ont pas été plus grasses pour la Grande Muette. On attrapait des militaires en train de voler le manioc des paysans dans maintes contrées de l’intérieur, à Labé notamment. On les libérait « parce qu’ils avaient faim. » Humanisme oblige ! Aujourd’hui, les FDS poursuivent en hélico des prisonniers…militaires évadés. Quel progrès !