Le brouillage des ondes des médias et la restriction de l’internet dans le bled perdure depuis une semaine. Le 30 novembre, en conférence de stress à Cona-cris, des organisations de défense des droits humains ont dénoncé cet état de fait et invité l’Etat à la correction et au respect de la Charte de la Transition et des engagements internationaux.
A sa prise du pouvoir le 5 septembre 2021, colonel Mamadi Doum-bouillant, le chef de la junte, s’est engagé à mettre faim aux violations des droits et libertés, fréquentes sous Alpha Grimpeur qu’il a renversé du pouvoir. Plus de deux ans après, les atteintes aux droits de l’homme ont recommencé de plus belle : brouillage des ondes, suspension des journaleux, restrictions des médias et des réseaux sociaux, interdiction de manifester, excusez du peu !
Après la restriction du site Guineematin.com (durant deux mois), les ondes des radios Fim Fm, Djoma FM et Espace Fm sont brouillées, respectivement le 24, 26 et 29 novembre. L’accès aux réseaux sociaux est également restreint depuis près d’une semaine. Sans explication officielle. La Haute autorité de la communication semble ignorer le responsable ou les motifs de ces violations de liberté de la liberté de la presse.
Lors de la conférence de stress, Alpha Diallo, le prési de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), rappelle que de 2010 à 2020, aucun blocage d’internet n’a été enregistré dans le bled. « La première coupure délibérée d’internet en Guinée est intervenue en 2020, en marge du troisième mandat d’Alpha Condé. Nous avions subi un blocage des réseaux sociaux pendant plusieurs semaines. Avec la Transition, nous sommes déjà à deux blocages d’internet, rien qu’en 2023. » Il explique que le premier blocage en mai dernier visait les réseaux sociaux et certains médias, « avec un caractère ciblé, laissant entrevoir un perfectionnement dans les techniques de la cybercensure. En 2020, c’était une cybercensure globalisée. Nous craignons que cette méthode s’instaure en Guinée. »
L’Etat pointé du doigt
Alpha Diallo déclare que seuls les auteurs de la restriction de l’internet et le brouillage des ondes pourront expliquer les motifs de leur agissement. Mais, poursuit-il, leur dispositif de monitoring indique que « la restriction est délibérée », la technique utilisée « est similaire » à celle du blocage en mai dernier. Les organisations de défense des droits humains s’inquiètent face « à la récurrence des pratiques contraires aux engagements internationaux de notre pays en matière de la liberté de la presse et le droit à l’information. »
Alsény Sall, le chargé de Com de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme : « L’Etat ne communique pas, ne prend pas non plus des dispositions pour corriger cet état de fait si ce n’est le responsable. » Selon Sall, l’Etat à l’obligation de respecter et de faire respecter les droits de l’homme en tout temps et en toutes circonstances. « S’il y a des manquements de la part des médias, il y a des procédures à suivre, au lieu de brouiller tel ou tel médias. »
« Guinée déclarée coupable »
Il y a quelques semaines, la Cour de justice de la Cédéao « a reconnu l’Etat Guinéen coupable de violation des droits des citoyens à la liberté d’expression et à l’accès à l’information suite à la coupure d’internet et aux restrictions de l’accès aux réseaux sociaux en 2020 », martèlent les organisations de défense des droits humains. Selon elles, lors du dernier passage de la Guinée à l’EPU (Examen périodique universel) du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le pays a reçu sept recommandations « l’encourageant à garantir la liberté d’expression. » Hop-là !
Les promoteurs des droits humains invitent la junte à mettre un terme aux restrictions, à identifier et sanctionner les responsables du blocage de l’inter-niet et le brouillage des ondes. Aussi, d’œuvrer au respect des droits et libertés conformément à la Charte de la Transition et aux engagements internationaux souscrits par la Guinée. Amen !
Yaya Doumbouya