Ouf ! Le 15 novembre, la Chambre des jugements de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a ordonné l’évacuation de l’ancien ministre des Télécoms. Oyé Guilavogui se fera soigner en Tunisie, son procès reprendra le 10 janvier 2024.
Oyé-Oyé Guilavogui souffrirait des douleurs abdominales, entre autres. Il a été hospitalisé le 30 octobre à Ignace-Deen. Il croupit à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis mai 2022, pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, à l’image de plusieurs pontes de l’ex-Prési Alpha Grimpeur.
Ces derniers temps, il était « gravement malade », suscitant l’inquiétude de sa famille et ses avocats (sans vinaigrette). Alphonse Charles Wrong, le ministre de la Justice et des droits de l’homme, s’est rendu à son chevet le 10 novembre.
Les conseils de l’ancien dignitaire avaient sollicité, à cor et à cri, son évacuation. En fait, ils craignaient que le scénario (refus de la justice d’autoriser l’évacuation) d’Ibrahima Cas-Sorry Fofana, ancien Premier ministre, ne s’abatte sur leur client. Apparemment, les anciens dignitaires n’ont pas le même poids. En tout cas, Oyé-Oyé Guilavogui, ne serait-ce que sa régularité à la barre, offre des garanties quant à sa bonne foi pour la manifestation de la vérité. Ibrahima Cas-Sorry Fofana, lui, avait déclaré dans une tribune, qu’il ne sera pas jugé devant une juridiction guinée-haine. D’où les réticences de la justice à le laisser se traiter à l’étranger ? Allez savoir !
Oyé-Oyé Guilavogui sera évacué sur la Tunisie, pour des soins « plus appropriés. » Le 15 novembre, la Cour s’est rendue à l’hosto Ignace-Deen, au chevet du prévenu, afin de s’enquérir de son état de santé. De retour en salle d’audience, ni le parquet spécial de la Crief, réputé pour ses vétos dans des circonstances pareilles (cas de Cas-Sorry Fofana, Amadou Damaron-ron), ni la partie civile (Agent judiciaire de l’Etat) ne se sont opposés à l’évacuation de l’ex-ponte.
Le rapport médical « sans date du Pr Oumar Rafiou Bah, du service urologie du Centre hospitalo-universitaire d’Ignace-Deen » et, visiblement, la visite de Charles Wrong, en seraient pour quelque chose. « Après avoir entendu le corps médical, la partie civile et le procureur spécial en leurs avis favorables pour l’évacuation du prévenu Oyé Guilavogui à l’extérieur du pays, vu l’urgence, attendu que le rapport médical recommande des examens sanitaires non disponibles en Guinée, par ces motifs, rétracte la mesure d’hospitalisation préalable de monsieur Oyé Guilavogui en Guinée. En conséquence, ordonne son évacuation dans une structure sanitaire appropriée en Tunisie à la diligence du parquet spécial de la Cour de ce siège », déclare le juge Alhassane Mabinty Camara.
Hic à la reprise du procès ?
En attendant, l’affaire Oyé-Oyé Guilavogui est renvoyée au 10 janvier 2024 pour la fuite des débats. Y aura-t-il un hic à la reprise ? Les conseils d’Oyé-Oyé Guilavogui ont juré, la main sur le palpitant, qu’il « n’y aura pas de procès » avant l’application de l’arrêt de la Cour de justice de la Cédéao. Celle-ci avait ordonné, le 16 octobre dernier, la remise en liberté d’Oyé Guilavogui, le Cas-Sorry Fofana et Mohamed Diané (ancien ministre de la Défense nationale). Elle a, dans le même arrêt, condamné l’Etat guinéen à leur payer dix mille dollars ricains à titre de dommages et intérêts, pour violation de leurs droits élémentaires.
Yaya Doumbouya