Lundi 13 novembre, au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry (Kaloum), le procès de Moussa Dadis Camara et Cie a repris. Les accusés qui ont fait l’objet d’une tentative d’enlèvement ou d’évasion la semaine dernière sont tous présents dans le box, à l’exception d’un seul, en l’occurrence le colonel Claude Pivi dit Coplan ou Grand Co. Le dispositif des Forces de défense et de sécurité (FDS) n’ayant pas été particulièrement renforcé, tout semble normal. L’attaque de la Maison centrale de Coronthie et les questions éludées qu’elle soulève taraudent, sans aucun doute, les méninges de tous ceux qui sont dans la salle et alourdissent l’air ambiant déjà plein d’humidité.
Au fil des mois, on s’approche des instants fatidiques du procès, du temps de la vérité. Après les accusés et les victimes, il appartient désormais aux témoins de dire leur vérité, de laisser s’épancher leur intime conviction. Qu’ont-ils vu ? Qu’ont-ils entendu ? Leur rôle qui requiert d’eux honnêteté morale, est d’aider les juges à distinguer la graine de l’ivraie, le vrai du faux. Leurs propos sont donc déterminants dans la décision qui naitra du procès.
L’ancien Ministre Tibou Kamara a été le premier appelé à la barre. Vêtu d’un costume bleu impeccablement taillé dans le style Pierre Cardin ou Yves Saint-Laurent, avec toujours du bagou. Fringant, il n’y est pas allé avec le dos de la cueillère pour disculper le Capitaine Moussa Dadis Camara. Il a affirmé, sans sourciller, que le Président de la Transition de 2008, n’aurait ordonné à personne de se rendre le 28 septembre 2009, au Stade éponyme pour commettre le massacre dont on cherche à identifier les coupables. Les déclarations de Tibou Kamara sont d’autant importantes que des leaders politiques, bien connus, ont affirmé, lors de leurs dépositions, que c’est avec son téléphone que le Capitaine Dadis a appelé le Président de l’UFR, Sidya Touré, pour le supplier d’obtenir de ses camarades de l’opposition, la veille, le report de la manifestation. L’audition de Tibou Kamara s’est poursuivie mardi, par les avocats de la partie civile. On attend une quarantaine de témoins. Qui vivra entendra !
Abraham Kayoko Doré