Après deux semaines de paralysie, cours et tribunaux ont repris service le 13 novembre. Mais le tribunal de première instance de Dixinn n’a pas travaillé. On pointe du doigt les tracasseries à la Maison centrale de Coronthie.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, les colonels Moussa Tiégboro Camara et Blaise Goumou ne sont pas les seuls affectés par les événements du 4 novembre. Alors que le boycott des audiences à l’initiative des avocats, suite à l’agression d’un des leurs a pris fin, le TPI de Dixinn continue de subir une paralysie. Les audiences de ce lundi 13 novembre n’ont pu avoir lieu. Officiellement, on accuse une réunion technique entre des cadres du ministère de la Justice et les responsables du tribunal, mais cet argument serait la partie visible de l’iceberg. D’autant plus que des travailleurs trouvés sur place ne le valident pas. Eux, ils invoquent le renforcement de la sécurité autour de la Maison centrale. Cette prison serait tenue aujourd’hui par des militaires et des gendarmes lourdement armés. Le cordon sécuritaire aurait plus que doublé. Les gardes pénitentiaires auraient toutes les peines du monde à mettre un pied à l’intérieur, à plus forte raison d’extraire librement les autres détenus et les transporter dans les tribunaux.

Au TPI de Dixinn, un agent pénitencier qui requis l’anonymat, confie ceci : « Ils disent qu’il y a une réunion à la Cour d’appel, certains y prennent part, mais voyez ce qui se passe à la Maison centrale, même les gardes pénitentiaires n’ont pratiquement plus d’accès. C’est un commando qui garde aujourd’hui la prison. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’aller chercher des prisonniers dans de telles conditions. On n’a même plus accès aux autres détenus ». Ce garde pénitentiaire accuse le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, d’être responsable de ces tracasseries : « Il dit que ça pagaille quand il n’est pas au pays, mais sincèrement, qu’est-ce qu’une garde pénitentiaire désarmée peut faire contre un commando lourdement armé ? Il fait comme si la Guinée lui appartient, il crie sur des pères de famille. Nos amis sont aujourd’hui en prison pour rien. Mais nous allons nous asseoir et nous regarder, les détenus vont payer le prix fort ».

A l’audience de ce lundi 13 novembre, les accusés dans l’enlèvement et l’assassinat d’El Hadj Abdourahmane Diallo dit El Hadj Doura devaient comparaître. Margis-chef Ibrahima Badé, accusé de meurtre de manifestants, était aussi attendu. Les deux affaires étaient au stade des plaidoiries et réquisitions, mais elles n’ont pu avoir lieu, les détenus n’ayant pas été conduits à la barre. Depuis la tentative d’évasion de Moussa Didis Camara et compagnie, la Maison centrale serait totalement bouclée. Les détenus n’ont accès ni aux avocats ni aux familles.

Yacine Diallo