Le 23 décembre, environ une semaine après l’incendie du dépôt du carburant à Kaloum, la desserte en essence a repris dans les stations-services. L’occasion pour les détenteurs d’engins roulants de se ruer vers ces essenceries et pour les gérants d’assouvir leurs caprices.
La Guinée était à l’arrêt, faute de carburant. La décision du gouvernement de faire reprendre la desserte en gasoil le 20 décembre n’a presque rien changé. La situation était telle que des jeunes ont battu le pavé pour réclamer de l’essence dans les stations-services. Après moult tractations, le gouvernement a autorisé les gérants des stations-service à fournir l’essence.
Depuis le 23 décembre, à Conakry comme à l’intérieur du pays, les essenceries sont noires de monde. Craignant d’être frappés par une nouvelle rupture, les usagers se précipitent pour se procurer de l’or noir en grande quantité, malgré le rationnement à 5 litres pour les motos et 25 litres pour les véhicules. C’est l’occasion rêvée pour les pompistes et autres patrons de stations de jouer avec les nerfs déjà tendus des usagers. Certaines essenceries, après seulement quelques heures de service le 24 décembre, ont fermé. C’est le cas à la T5 où à la Station Total, la desserte s’est arrêtée peu avant 15h. Les pompistes ont prétexté une panne du courant avant de disparaître, laissant des centaines de détenteurs d’engins bouche-bée. La Station Shell d’à côté, elle, était restée hors service toute la matinée sous prétexte qu’elle n’avait pas de carburant. Mais dans l’après-midi, la desserte a repris sans qu’une citerne n’y passe, curieusement. Un jeune accuse les pompistes de discrimination : « Ici, même quand la situation est normale, on ne sert pas les motos. Dès que tu viens, on te dit qu’il n’y a pas de carburant ».
Au carrefour Kissosso, la desserte avait aussi cessé en début d’après-midi, la station étant à court de carburant, alors que des centaines de nécessiteux y étaient encore massés. Comme de bons samaritains, une équipe du Groupement d’intervention de la gendarmerie (GIGN), ayant appris la nouvelle, a pris sur elle, la décision d’y conduire la citerne qu’elle escortait, alors qu’elle se rendait initialement à Sonfonia. Les propriétaires de la station ont voulu s’opposer au dépotage : « Ils étaient réticents, parce que le camion n’appartient pas à la compagnie qui les servait avant la crise. On leur a fait comprendre que la situation est exceptionnelle, ils ont finalement compris et qu’ils n’avaient pas le choix », déclare un agent de la SONAP. C’est après 17h, que la desserte a finalement repris.
Ce 25 décembre, les stations, sur la route Leprince notamment, étaient encore envahies par la clientèle. Bien de détenteurs d’engins n’hésitent pas à défiler dans différentes stations, pour se servir plusieurs fois. Parfois, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.
Yacine Diallo