L’incendie au dépôt de carburant à Coronthie continue de faire parler. Le 30 décembre, à l’occasion de son assemblée générale, l’UFDG a demandé des comptes aux autorités de la transition.
Ça fait deux semaines que la principale réserve de pétrole du pays a été réduite en cendres. Le sinistre a fait 24 morts et près de 500 blessés, officiellement. Sur l’origine de l’incendie, le silence radio et les contractions se bousculent au sommet de l’Etat. Le porte-parole du gouvernement exclut la piste criminelle. Le garde des Sceaux ouvre une enquête pour incendie volontaire. Les Guinéens se demandent à quel saint se vouer. Le vice-président de l’UFDG, Kalémodou Yansané, demande aux autorités de la transition de dire aux Guinéens ce qui s’est réellement passé : « Le dépôt de Coronthie est là depuis la période coloniale. Elle a résisté à tous les temps, s’est modernisée avec tous les équipements de sécurité et d’alerte. Comment une telle infrastructure peut-elle exploser en une fraction de secondes ? ». Kalémodou Yansané critique la façon dont les enquêtes se mènent autour de cette affaire : « Sous d’autres cieux, un procureur de la République informe régulièrement le peuple de l’évolution de la situation, des pistes suivies par les enquêteurs. Mais nous constatons un silence coupable autour de cette affaire». Le vice-président de l’UFDG doute qu’une infrastructure importante pour le pays puisse brûler comme ça : « Qui est à l’origine de cette affaire-là ? Nous demandons au procureur de la République de nous dire la suite réservée à l’incendie de Coronthie.» Selon lui, les autorités de la transition ne peuvent pas s’abriter derrière les actions humanitaires pour faire traîner les enquêtes : « Cet élan de solidarité est humanitaire et social. Nous voulons connaître celui qui est à l’origine de ce sabotage, si sabotage il y’en a eu.»
Le gouvernement guinéen annonce un accord avec la Côte-d’Ivoire portant sur 50 millions de litres de carburant par mois. Pour Kalémodou Yansané, on peut faire mieux : « Nous somme à 280 km de Freetown, avec des routes en bon état, on ne peut dire qu’on ne peut pas s’approvisionner à partir de Freetown. Le port de San-Pedro n’est pas très loin de la Forêt, tout comme la Guinée-Bissau, le Libéria pour les autres régions…il n’y a pas de raisons que l’approvisionnement ne continue pas. Si on laisse la situation dans les mains des amateurs, nous fonçons tout droit vers des lendemains incertains».
Haro sur la LFI !
Depuis une semaine, le Conseil national de la transition examine le projet de Loi de finances initiale 2024. Cette LFI tourne autour de 38 000 milliards de francs guinéens. Plusieurs ministères ont vu leur projet de budget raboté. C’est le cas des départements de la Défense et de la Sécurité. Kalémodou Yansané ironise : « Peut-être que cela nous évitera d’aspirer moins de gaz lacrymogène en 2024.» Dans la LFI, rien pour les élections pour le retour à l’ordre constitutionnel : « Ils ne peuvent pas se cacher derrière l’incendie pour ne pas respecter les 24 mois du chronogramme».
Yacine Diallo