C’est un feuilleton digne d’un roman de Guy des Cars qui se déroule actuellement à Labé. Les familles Barry et Souaré se disputent la paternité d’un jeune homme, double patronyme Barry ou Souaré.
Pour la petite histoire, en 2009, dame Maïmouna Touré, domiciliée au secteur de Gnalé-Penda dans le village de Koumba, commune urbaine de Mali, au dos le petit Ibrahima Barry, s’en est allée au marigot. Alors qu’elle faisait le linge, le petit âgé de seulement deux ans et demi, trompant la vigilance de sa maman de lavandière, disparaît dans les buissons. On le cherche partout, en vain. Selon certains, Ibrahima a été emporté par les diables, car sur les lieux, il n’existe pas de carnivores capables de dévorer l’être humain. D’ailleurs, on n’a pas vu de traces de chair humaine.
Le temps passe, la famille encaisse le coup. Le cas d’Ibrahima devient comme un conte de fée. Le père, Mamadou Saliou Barry et épouse espèrent que le miracle se réalisera un jour et que leur enfant reviendra à la maison. C’est alors que la famille apprend la nouvelle cette année : un jeune homme, retrouvé à Daka, commune urbaine de Labé, de parents inconnus. Le couple se rend dans la famille d’accueil du garçon. Interrogé, ce dernier répond qu’il s’appelle Ibrahima Souaré. Le leur est Barry. Mais si c’est lui, il était incapable de connaître son nom de famille. Le garçon ajoute qu’il ne connaît pas ses parents, et affirme néanmoins être venu de Matakaou, dans la préfecture de Koubia, il y a six ans. Dans ce village, il était dans un foyer islamique, chez Thierno Ibrahima, maître coranique. Le petit Ibrahima aurait fugué à cause des corvées que son maître lui infligeait. Venu à Labé, il a parachuté dans une famille originaire de Tountouroun. Là, il apprent la conduite automobile.
Alors que la famille de Mali espérait que l’enfant leur serait rendu, elle se rend compte qu’elle n’est pas au bout de sa peine. Elle décide d’envoyer une délégation à Matakaou, pour rencontrer Thierno Ibrahima, qui est catégorique : l’enfant lui a été confié au Sénégal, pour une formation religieuse. La famille qui revendique la paternité du jeune homme demeure incrédule. Dépitée, elle revient à Labé pour saisir les autorités. Une déclaration est faite à la gendarmerie.
Les deux Ibrahima -Karomoko et disciple- sont convoqués par la gendarmerie. Pendant ce temps, la famille qui aurait confié l’enfant à Thierno Ibrahima, alertée, quitte le Sénégal pour Labé. Après plusieurs échanges houleux, la gendarmerie, confrontée à une situation inédite, transfère le dossier à la justice. Laquelle confronte les deux familles protagonistes ainsi que la famille d’accueil. Devant l’impossibilité d’obtenir une situation claire, le tribunal de première instance de Labé demande une expertise scientifique.
Finalement, un prélèvement a été effectué le 9 décembre, pour faire un test ADN, en vue de départager les familles. Lesquelles attendent désormais le verdict qui devra tomber dans un mois, selon une source proche du dossier.
Habib Yembering Diallo