Des journalistes venus de toutes les régions du Niger ont bénéficié de formations à la sécurité physique et ont reçu des équipements dédiés, grâce à un appui de Reporters sans frontières (RSF) à l’Association des professionnelles africaines de la communication section du Niger (APAC-Niger). Des formateurs locaux vont déployer l’initiative dans les huit régions du pays.
30 journalistes venus de toutes les régions du Niger ont été formés et équipés afin d’être en mesure de travailler en toute sécurité et de maîtriser le cadre juridique régissant l’exercice de leur profession. 300 trousses de premiers secours et des gilets d’identification ont été octroyés.
“J’estime avoir acquis des compétences et développé des réflexes indispensables en matière de sécurité personnelle et pour les premiers secours”, confie le journaliste et directeur éditorial du média en ligne Les Échos du Niger Youssouf Sériba, à l’issue de la formation qui s’est tenue en novembre 2023 à Niamey, la capitale. Sa consœur de la station de radio publique La Voix du Sahel, Salamatou Yazi, abonde en ce sens : “Je sais désormais comment me préparer afin d’assurer ma sécurité sur le terrain.”
À l’issue de ces deux formations, des journalistes vont déployer l’initiative dans les huit régions du pays, pour transmettre à leur tour localement conseils et matériels à des professionnels de l’information.
« Cette initiative de solidarité envers les journalistes et les médias du Niger intervient dans un contexte sociopolitique marqué par le coup d’État du 26 juillet 2023, qui a eu des répercussions sur le droit à l’information : médias internationaux suspendus, journalistes agressés par des manifestants, prolifération de la désinformation, etc., RSF continuera le plaidoyer pour que les journalistes puissent exercer librement sans risques de représailles.», déclare Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.
Être préparé à travailler en milieu “hostile”
Les formations appuyées par RSF et assurées avec un partenaire local, se focalisent sur la sécurité des journalistes dans les médias et sur le terrain. Grâce à des exercices pratiques, ils sont en mesure de repérer une situation à risque et de mettre en place toutes les mesures adéquates pour assurer leur sécurité et celle de leurs collaborateurs. Quant aux initiations aux premiers secours, elles permettent aux participants d’agir en toute confiance devant, par exemple, des cas de saignement, d’étouffement et d’inconscience. Ils apprennent aussi à maîtriser l’utilisation des produits et accessoires de soins d’urgence en cas de blessures.
C’est la première fois également que des organes de presse sont dotés de trousses de premiers secours. “Mon média ne disposait pas de trousses de premiers secours alors que c’est très utile et nécessaire pour le bien-être des employés”, souligne pour sa part le directeur général de l’Agence nigérienne de presse (ANP), Dalatou Mamane.
« Cet accompagnement de RSF est d’une valeur inestimable pour notre organisation et pour les journalistes du Niger. Grâce à ce partenariat, l’APAC-Niger est la première organisation socioprofessionnelle du secteur des médias à organiser des formations en sécurité et premiers secours à des groupes de journalistes au Niger : au total 15 femmes et 15 hommes de médias répartis sur l’ensemble du territoire. Avec ces formations, les trousses de premiers secours et les gilets siglés presse mis à leur disposition, ils sont plus aptes à exercer le journalisme dans le contexte actuel du pays », affirme Amina Niandou, Présidente de l’APAC-Niger.
Des attaques physiques et verbales de journalistes locaux et d’envoyés spéciaux ont en effet été relevées les jours
ayant précédé le coup d’État. Les atteintes au droit à l’information se sont succédé depuis juillet : détention secrète de la journaliste indépendante Samira Sabou, suspension des chaînes internationales d’information RFI et France 24, prolifération de la désinformation sur les réseaux sociaux reprise par certains médias, sans oublier la menace de l’usage de la loi sur la cybercriminalité. Dans ce contexte, il est important que les journalistes soient préparés à travailler en toute sécurité.
Reporters Sans Frontières