Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry avec l’audition des témoins. Mardi 9 janvier, Oumar Youssouf Touré alias Joli a témoigné devant la barre.
Selon ses explications, Youssouf Jolie administrateur civil, serait dans les arcanes des pouvoirs successifs du général Lansana Conté et du capitaine Moussa Dadis Camara. Venu témoigner des faits du massacre du 28 septembre 2009, il a raconté la guerre de succession qui a éclaté à la fin du régime du général Lansana Conté.
Fin de l’ère Conté
Petit de tous les grands (ministres, généraux et colonels de l’armée), Youssouf Jolie Touré affirme qu’il était le « petit sûr » du colonel Ousmane Conté, fils du général Lansana Conté. Selon lui, sentant la fin du régime du général Conté, des anciens dignitaires comme Fodé Soumah, Sékou Konaté, général Arafan, général Fascinet Touré et autres se seraient rendus chez le général Conté, pour lui proposer de désigner son fils Ousmane, pour lui succéder et pour éviter la mort de son parti, le PUP. Ce qui ne pouvait se faire sans la troupe. C’est en ce moment, laisse entendre Oumar Youssouf Joli, que le général Bailo Diallo a fait venir Moussa Dadis Camara, pour les aider à conquérir le pouvoir. Comme ils étaient tous d’accord d’aider Ousmane Conté à avoir le pouvoir, le général Lansana Conté aurait fait venir un féticheur de la Guinée-Bissau. Il aurait réuni le général Arafan Camara, Fodé Soumah, général Fascinet Touré, Moussa Dadis Camara et autres anciens dignitaires au quartier Yattayah. Ils lui ont juré fidélité. Mais le féticheur aurait prévenu qu’il allait avoir trahison. Faisant allusion à son déballage devant la barre, Youssouf Touré soutient que le féticheur aurait dit que c’est « un petit qui dévoilera tous les secrets, il faut le faire venir ». Ils ont envoyé un certain Kibongué (proche de Fodé Soumah), le féticheur aurait dit que celui-ci n’aurait pas « longue vie ». C’est alors que lui Youssouf aurait envoyé au féticheur qui l’aurait fait jurer. Maintenant pour gagner la troupe, des officiers auraient suggéré de nommer Moussa Dadis Camara à un « poste juteux ». Le général Arafan n’aurait pas été d’accord. Mais Moussa Dadis aurait bénéficié de l’appui du général Bailo, il a été nommé au poste d’intendant de l’armée. Bref, Youssouf Touré insinue que Moussa Dadis a trahi le colonel Ousmane Conté, pour prendre le pouvoir. Apparemment, lui, il jouait le démarcheur près des féticheurs pour les ministres et militaires, à la quête ou qui veulent conserver le pouvoir.
Du pouvoir de Dadis
Connu pour certainement sa « prouesse de démarcheur de féticheurs », il ne serait pas une personne ordinaire, Oumar Youssouf Touré dit avoir été contacté par le colonel Moussa Tiegboro Camara. C’est comme cela que son lien aurait repris avec le pouvoir. D’abord le président Dadis aurait fait venir un magicien indien à Conakry, pour l’aider à renforcer son pouvoir. « Le plan était d’éliminer Toumba Diakité et d’autres qui l’ont aidé à avoir le pouvoir. Le magicien indien a dit que ce n’était pas possible. Entre temps, ils ont fait venir des féticheurs de la Côte d’Ivoire à leurs têtes, le féticheur de Guillaume Soro, le plan était toujours d’éliminer Toumba Diakité. C’est ainsi, ils sont allés à Dubréka chez Gono Sangaré où ils ont fait des rituels. Après avoir donné du sang humain à Dadis avec lequel il s’est lavé, le féticheur avait dit à Dadis qu’il fallait faire un sacrifice humain. Parce que les féticheurs devaient travailler sur les corps, pour renforcer son pouvoir ».
Oumar Youssouf Touré Joli est formel, c’est sur cette base que Moussa Dadis a planifié le massacre du 28 septembre. Il affirme que le 28 septembre 2009, capitaine Moussa Dadis se serait rendu à Marocana (annexe du Stade) avec son « féticheur, pour vérifier si son plan avait réussi ». Auparavant, Oumar Youssuouf a indiqué que dans la nuit du 27 septembre, il s’était rendu au camp Alpha Yaya Diallo avec « le magicien indien qui avait dissuadé Moussa Dadis Camara de faire le sacrifice humain qui n’était pas bon pour lui ». Dadis aurait voulu donc renoncer à son plan. C’est en ce moment qu’il aurait appelé le président de l’UFR, Sidya Touré, via le téléphone de Tibou Kamara, pour « demander aux leaders d’annuler le meeting, mais c’était trop tard. »
Même s’il est traité de fou par les avocats de Moussa Dadis Camara, Oumar Youssouf Touré alias Joli semble être fin connaisseur des généraux, colonels et autres cadres qui rodaient autour du pouvoir du CNDD. Dans son témoignage, il maîtrise le nom des postes de ces généraux, colonels et cadres qui rodaient autour de capitaine Moussa Dadis Camara.
Mamadou Adama Diallo