Après plus d’un an de détention secrète, le commandant Alya Camara et le capitaine Abdoulaye II Cissé réapparaissent. Les deux membres des Forces spéciales et du Bataillon autonome des troupes aéroportées, BATA, graciés, rentrent, mais avec une accusation de tentative manquée de coup d’Etat contre le colonel Mamadi Doumbouya. La DCI a

L’on se croirait dans un film de science-fiction. Alors que plus personne ne connaissait la destination de ces deux officiers supérieurs de l’armée guinéenne depuis plus d’une année, Alya Camara est réapparu aux côtés du Président de la transition au Palais Mohammed V à l’occasion du réveillon. Une image qui surprend plus d’un, vu l’inimitié entre les deux anciens compagnons. Le 2 janvier, sur les antennes de la RTG, la Direction de la communion et de l’information de la Présidence, DCI a livré les coulisses de cette libération. Elle nous apprend que l’ex-chef des opérations du Groupement des forces spéciales doit ses problèmes à une tentative de coup d’Etat. Le service de Com de la Présidence insinue qu’Alya Camara et ses « complices » cherchaient à renverser le régime actuel pour porter un certain Abdoulaye II Cissé, capitaine, en service au Bataillon autonome des troupes aéroportées : « Je reconnais avoir participé à des réunions qui concernaient à participer à un coup d’État… Aly Camara m’a dit qu’il y a une organisation en place, mais on veut que tu diriges. Je lui ai dit moi, je n’ai pas de moyens. Il me dit non, qu’on mettra les choses à ma disposition. Il me dit qu’il y a quelqu’un qui va rester avec moi, qui va coordonner les choses… Je partais rencontrer quelques éléments », explique Abdoulaye II Cissé. Selon lui, il hésitait à suivre le navire parce que ne connaissant pas le Palais : « J’ai dit que je ne maîtrisais pas le Palais, ça fait longtemps que je n’y suis pas allé. L’adjudant me dit que tout est géré, qu’ils y ont des éléments qui peuvent agir… »

Pourtant, selon la DCI, c’est ce capitaine, gardé par un des deux hommes armés, drapeau guinéen aux couleurs inversées sur les épaules, qui aurait fait un enregistrement vidéo censé annoncer le coup de force d’un « Conseil national transitoire de Guinée ». Ses complices, seraient, entre autres, artistes, commerçants, élèves, éleveurs et non des militaires comme on aurait pu le penser.

Abdoulaye II Cissé a ajouté : « Nous ne sommes que ses frères d’armes. Je suis entièrement à sa disposition pour continuer le service militaire. S’il a pu suivre son cœur pour libérer afin qu’on puisse regagner nos familles, je ne peux que le remercier. On a été traités comme des frères. Les autres n’ont qu’à comprendre que c’est l’union qui fait la force. On n’a qu’à s’unir pour développer notre pays. »

Le commandant Alya Camara lui, n’a pipé mot, du moins en ce qui concerne ce fameux coup d’Etat. Selon l’élément diffusé par la DCI. Il s’est contenté de flatter le Chef de la junte : « Je dis grand merci au Président de la République de m’avoir donné la liberté, la chance de voir ma famille qui souffrait autant que moi. Je suis sincèrement dépassé. Qu’il sache que je suis dans son esprit, de jour comme de nuit ».

Cette affaire de coup d’Etat enflamme les réseaux sociaux. Peu d’internautes croient en la thèse présentée par la DCI et les tenants du pouvoir. Ils crient plutôt à la régénération des méthodes de la révolution du PDG : l’extorsion d’aveux. Et à voir le reportage de la DCI, l’on est en droit de s’interroger sur certaines affirmations. Dans son aveu, Abdoulaye II Cissé affirme sans sourciller que c’est lui qui devait diriger, mais il jure qu’il était à la solde d’Alya et compagnie. Or, Alya Camara n’a pas eu l’occasion de se défendre. Dans la déclaration de ‘’prise du pouvoir’’, les lunettes d’Abdoulaye II Cissé sont les mêmes qu’il portait lors de l’aveu, comme s’il n’a jamais été détenu. Dans cette même déclaration, le décor semble le même que celui qui apparaît dans les aveux. Pire, de tous les autres complices, personne ne parle d’Alya Camara.

Yacine Diallo