Le 19 février, le journaliste Boubacar Sanso Barry a été cuisiné, des heures durant, par des enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire. L’ex-ministre de la Justice soupçonne l’administrateur général du site www.ledjely.com d’être de mèche avec le groupe de hackers qui a pris momentanément le contrôle du site internet de l’aéroport de Conakry. L’avocat du journaliste s’insurge contre les déclarations du désormais ex-ministre de la justice, Charles Wright, contre son client.
Boubacar Sanso Barry traverse une mauvaise passe. Depuis qu’il a rendu publique la prise du portail internet de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry par le groupe de hackers, Anonymous 224, le patron de site www.ledjely.com a à ses trousses pratiquement tout l’appareil judiciaire du pays. Alors qu’il est rentré, après son audition à la DPJ sans que la moindre infraction ne soit retenue à son encontre, l’ex garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright, a affirmé lors de son entretien avec les associations de presse, que Sanso aurait touché à la question de « sécurité nationale », en donnant le message d’Anonymous. Il aurait, selon l’ancien ministre, comploté avec ce groupe contre l’Etat.
Cette sortie n’est pas du goût de l’avocat du journaliste. Maître Moussa Sidibé relève une contradiction dans les déclarations de Charles Wrong : « Nous avons été surpris d’entendre l’ex-ministre de la Justice affirmer que mon client aurait commis des faits graves. Il ne met même pas ses déclarations au conditionnel. Selon lui, cela relevait de la sécurité nationale. A mon avis, il y a une contradiction flagrante dans sa déclaration. Une commission composée de policiers et de gendarmes est mise en place pour enquêter sur le hacking du site de l’aéroport. Nous sommes étonnés que le ministre n’attende pas que l’enquête se termine, qu’il se précipite pour faire des affirmations sans fondement. Il traite Sanso de journaliste partisan et alimentaire, dit que les hackers l’ont utilisé moyennant quelque chose pour faire passer leur message ».
Pour l’avocat, Sanso serait sorti de la DPJ lavé de tout soupçon. Les enquêteurs auraient conclu que Boubacar Sanso Barry n’aurait commis aucune faute : « Dans la convocation de Sanso, il est précisé que mon client est convoqué pour des besoins d’enquête. Généralement, lorsque les OPJ vous invitent, ils doivent préciser les motifs. Est-ce que le fait de le convoquer pour des besoins d’enquête voudrait dire qu’il se reproche de quelque chose ? Nous avons répondu à l’invitation, avons été auditionnés pendant plus de deux heures. Nous avons signé un procès-verbal qui ne nous incrimine en rien ». Me Sidibé accuse Charles Wright de diffamation : « Ces déclarations portent atteinte à la dignité de Sanso Barry. Le ministre met le professionnalisme de mon client en cause. Sanso est un éditorialiste, une fierté. Faire des déclarations qui peuvent mettre sa sécurité en danger est une diffamation… Ces déclarations incongrues sapent le travail remarquable fait par les enquêteurs ». L’avocat n’est pas formel, mais il n’exclut pas d’ester en justice contre Charles Wrong : « L’auteur des déclarations est susceptible de poursuites judiciaires. Au moment opportun, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire », a-t-il indiqué.
Yacine Diallo