Les 13 centrales syndicales ont conjointement lancé un appel à une grève générale et illimitée à compter de ce lundi, mobilisant les secteurs privés, publics et informels. L’appel semble bien suivi, tant Conakry présente l’image d’une ville morte.
À l’opposé de l’autoroute Leprince, qui enregistre des perturbations par endroits, la Corniche-nord, Foulamadinah-Kobayah-Lamabanyi-Nongo-Kaporo-Kipé-Taouyah, garde son calme habituel. Le mot d’ordre de grève du mouvement syndical guinéen s’est fait ressentir partout à Conakry. Dans une déclaration, les Forces Vives de Guinée, regroupant les principaux partis politiques et organisations de la société civile, ont exhorté leurs militants et partisans à répondre à l’appel des syndicalistes. Les employés des secteurs miniers, bancaires, des télécommunications, services de transfert d’argent et même les conducteurs de taxis-motos ont été sollicités pour participer à la grève. L’objectif est de revendiquer contre la hausse des prix des denrées de première nécessité, à quelques jours du Ramadan et la cessation de la censure exercée sur les médias depuis quelques mois.
De Taouyah à Foulamadinah, en passant par Kipé, Lambanyi et Kobaya, aucune barricade, aucun manifestant, un seul pick-up des forces de l’ordre stationné à Nongo, au niveau du Carrefour Cosa. La circulation sur cette corniche est bien loin des embouteillages habituels qui la caractérisent, les activités étant quasiment à l’arrêt. Les arrêts de bus et de taxis sont complètement vides. Les banques, agences de microfinance, magasins, boutiques, sont restés fermés. Sur une quinzaine de stations-services le long de cette corniche, seulement deux servent du carburant. Les autres, toutes fermées, soit par solidarité au mouvement de la grève, soit parce qu’elles sont en rupture de stock. Seuls visibles, des vendeurs ambulants et quelques étalagistes.
Pas de compromis
Pendant ce temps, les jeunes manifestants continuent à se faire entendre sur l’autoroute Leprince, érigeant des barricades et déversant des ordures sur la chaussée, pour empêcher toute circulation. Les forces de sécurité n’hésitent pas à faire usage de gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les contestataires.
Pour l’ouverture des négociations, les syndicalistes posent comme préalable la libération, sans condition, de Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du syndicat de la presse professionnelle de Guinée, SPPG, arrêté le 19 janvier dernier et condamné le 23 février à 3 mois de prison ferme. L’appel au dialogue des autorités, du patronat et des leaders religieux est tombé dans des oreilles de sourd.
Abdoulaye Bah