Pour obtenir la libération de Sékou Jamal Pendessa notamment, le mouvement syndical guinéen appelle les travailleurs à observer une grève générale et illimitée à partir du 26 février. L’appel est presque suivi à la lettre.
Lundi matin, Conakry est dans une ambiance de ville morte. La capitale guinéenne est paralysée par l’appel à la grève générale et illimitée du mouvement syndical guinéen qui ne digère toujours pas l’emprisonnement et la condamnation à de la prison ferme du secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa. Il demande à ses syndiqués, tous secteurs confondus, de cesser les activités. Leur appel, pour une fois, est largement suivi. Conakry est pratiquement à l’arrêt, les secteurs d’activité quasiment aussi. De Sonfonia au Grand-marché Madina, en passant par Enco5, Sangoyah, Matoto, Gbessia ou encore Kénien, l’impact du mot d’ordre est palpable.
A Wanindara, boutiques et magasins sont fermés, circulation quasiment à l’arrêt. Des pick-up de police et de gendarmerie postés à chaque coin de l’axe, pour étouffer toute velléité de manifestation. Habituellement animé, même les jours des manifestations, le marché d’Enco5 n’affiche pas la même image. Les commerces sont fermés, seules les vendeuses de condiments sont visibles, sur la transversale Enco5-Sangoyah. Même son de cloche au grand-marché de Matoto. Là également, boutiques et magasins sont fermés, les étales le long de la route quasi vides. Les vendeuses de condiments, elles, étaient bien là. Au marché Madina, principal centre de négoce du pays, les principaux centres commerciaux n’ont pas ouvert. Un commerçant explique qu’avant même cette grève, leur situation n’était plus tenable : « Depuis l’incendie du dépôt du carburant, nous ne faisons que perdre du temps. A l’intérieur du marché, tu ne vois presque plus de clients. Tout est à l’arrêt, les gens consomment leurs épargnes actuellement, pour ceux qui en ont ». Dans les zones de la SIG tout comme à Avaria, l’affluence n’était pas au rendez-vous.
A Sangoyah, Matoto, ou encore à Madina, les agences bancaires n’ont pas ouvert. Les écoles sont également fermées. Le lycée, le collège Sangoyah, le Lycée 1er mars, l’Ecole primaire de Mafanco…, pas l’ombre d’un enseignant ou d’un élève. Un encadreur trouvé au Lycée 1er mars déclare : « Voyez vous-même si les cours sont dispensés. Les 36 salles de classe sont vides. Il y avait deux ou trois enseignants le matin, ils sont partis parce qu’il n’y a pas d’élèves ».
La circulation était très fluide et les forces de l’ordre visibles par endroits avec pick-up et canons à eau. A l’université Gamal Abdel Nasser aussi, les cours sont impactés.
Yacine Diallo