La commune de Kaloum est en ébullition depuis la nuit de ce 1er février. Les victimes de l’incendie du principal dépôt du carburant le 17 décembre dernier, battent le pavé. Elles dénoncent les promesses non tenues des autorités de la transition.

Il ne fait pas bon vivre à Kaloum ce jeudi. Le centre administratif et des affaires fait face à une manif des sinistrés de l’explosion du 17 décembre dernier. Les manifestants, des nounous principalement, à bout de souffle, ont pris d’assaut, tard la nuit, les principales artères de Kaloum. Certaines dénoncent la distribution par affinité des aides alimentaires, d’autres parlent carrément de rupture. Ces sinistrés qui, pour la plupart dorment à la belle étoile, réclament également le respect de l’engagement du gouvernement de reconstruire les maisons impactées. Ils pestent surtout contre la fin de la prise en charge des blessés, la non restitution des corps des victimes pour un « enterrement digne ». Tôt le matin, ces manifestants ont bloqué l’accès à la ville. Ils scandaient des slogans du genre : « On ne veut pas du riz, on veut des maisons »; « Doumbouya zéro ». Sur des pancartes qu’ils brandissaient, on pouvait lire, entre autres : « Arrêtez les tueries » ; « Arrêtez le sale boulot, ça suffit comme ça » ; « La Guinée souffre, Kaloum souffre ». Des pancartes dénonçant les restrictions des réseaux sociaux et le brouillage des médias ont été également aperçues.

En fin de matinée, flics et pandores, fortement déployées, ont tenté une négociation. Tout le contraire de ce qu’ils savent faire sur l’Axe Hamdallaye-Kagbélen, la barbarie. Leur tentative est restée vaine. En réaction, ils pulvérisent les manifestants de gaz lacrymogène. Ces derniers se retranchent à l’intérieur des quartiers Coronthie 1 et 2, engageant ainsi des course-poursuites avec les agents des farces de l’ordre. Les jeunes s’en mêlent, gaz lacrymogène contre jets de pierres. Les agents réussissent à dégager les barricades, mais la tension reste vive, notamment à Coronthie 2 où des jeunes leur tiennent tête.

Cette manif paralyse les activités administratives à Kaloum. Bien des travailleurs se sont vus obligés de rebrousser chemin, avant même le Pont des pendus. Le blocage de l’accès à la ville a occasionné un embouteillage monstre.

Cette crise qui a éclaté au grand jour ce 1er février couvait. Les sinistrés n’ont de cesse de dénoncer la légèreté avec laquelle les autorités ont géré l’après incendie. Ces derniers jours, la rumeur selon laquelle le CNRD chercherait à les déguerpir de Coronthie a couru. Cela aurait précipité les choses.

Au moment où nous mettions en ligne, les échauffourées continuaient dans certains coins de Kaloum. Des tractations pour dénouer la crise, itou.

Ibn Adama et Yacine Diallo