Le procès en appel d’El Hadj Amadou Barry a repris le 29 février, à la Cour d’appel de Conakry. L’imam reconnait cette fois-ci les faits de viol dont il est accusé.
Condamné à une peine d’emprisonnement de 15 ans pour « viol sur mineure » sur Djénè Kaba, 14 ans au moment des faits, le prédicateur, El Hadj Amadou Barry, fait une virée spectaculaire. Alors qu’il n’a de cesse de nier les accusations articulées contre sa personne en première instance, celui qui officiait les prières à la mosquée de Yimbaya a surpris son monde, en reconnaissant sans ambages avoir entretenu « une relation sexuelle» avec l’adolescente en 2021. Il prévient toutefois que celle-ci était consentante et que l’acte s’est passé, non pas dans l’enceinte de la mosquée, mais dans sa boutique à Cosa : « Je maintiens les déclarations selon lesquelles j’ai couché avec la fille en question, une seule fois, dans ma boîte. Je ne sais pas comment cela est arrivé, mais elle était trop collée à moi. Nous avons une relation normale, sans plainte. La preuve, elle n’en a parlé qu’après 3 mois et deux semaines, quand elle s’est rendue compte qu’elle était enceinte. »
El Hadj Amadou Barry avait rejeté vigoureusement les analyses ADN qui lui imputaient à plus de 99% la paternité du bébé. Pour lui, cela ne fait plus de débat : « Le fait de reconnaitre le contact sexuel résout le problème de la paternité de l’enfant. Je suis probablement son père. » Sauf que quand El Hadj Amadou Barry passait à l’acte avec Djénè Kaba, celle-ci n’avait que 14 ans. Ce qui, aux yeux de la loi, aggrave sa situation. Lui, jure qu’il ne connaissait pas l’âge de la fille : « Je ne pouvais imaginer qu’elle n’avait pas 20 ans. Elle est aussi grosse que moi. »
Sur ce qui l’a poussé à nier les faits en première instance, l’accusé évoque la pression populaire et ses avocats : « Mon statut, ce que le public pouvait penser de moi et le conseil de mes avocats ont pesé dans la balance. J’avais des avocats, j’ai suivi leurs conseils ».
El Hadj Amadou Barry, regrette son acte, il dit végéter aujourd’hui dans le chagrin : « Des fois, on est submergé par les problèmes de la vie, des choses comme ça peuvent arriver. Mais je suis touché au plus profond de mon âme, je suis abattu. »
L’accusé et son nouvel avocat, Me Victorien Théa, se battent désormais pour, non seulement, que la Cour requalifie les faits en relations sexuelles avec une mineure âgée de plus de 15 ans, non émancipée par le mariage, mais aussi qu’elle réduise drastiquement sa peine : « Il n’a pas violé, mais a eu une relation consentie. Cela est sanctionné par le Code de l’enfant, pas par le Code pénal. Dans ce cas, la sanction est comprise entre six mois et deux ans », explique Me Théa.
Me Lazare Gbillimou, de la partie civile, estime que le revirement de l’accusé est tardif : « Il pouvait reconnaitre l’acte en première instance, il s’est borné à nier l’évidence. Pour le moment, cela ne change absolument pas notre position. »
L’accusé prie également pour que la partie civile qui ne demandait qu’il reconnaisse son acte, désiste. Ce qui, pour le moment, n’est pas gagné. Les plaidoiries et réquisitions se tiendront le 14 mars prochain.
Yacine Diallo