Les coupures intempestives du courant dans les ménages ont entraîné des échauffourées dans les quartiers de Dar-es-Salam 1 et 2, le 7 mars, en banlieue de Cona-cris. Bilan : de nombreux blessés et d’arrestations.
Les habitants des quartiers Dar-es-Salam 1 et 2 ont vécu une journée mouvementée jeudi 7 mars. Au lendemain d’une nuit sans électricité, des manifestants en colère de Dar-es-Salam 2 (commune de Ratoma) ont bloqué le train minéralier de la société Russal. Ils s’en sont pris, à coups de cailloux, à des habitations situées au quartier Dar-es-Salam 1 (Commune de Matoto), où ils estiment que la desserte du courant est régulière, pendant la nuit.
« Le train roulait doucement. Des jeunes manifestants ont demandé aux gens à bord du train où ils envoient toute la bauxite extraite du sous-sol guinéen, alors qu’il n’y a pas de courant chez eux », raconte un vieux, près d’une mosquée. Des contre-manifestants (Dar-es-Salam 1) se sont opposés aux manifestants de Dar-es-Salam 2, qui seraient « venus de Bambéto pour semer le trouble dans le coin, avec l’appui d’autres jeunes de la zone. »
Pandores et flics, déployés en nombre, ont été débordés, même appuyés par des contre-manifestants armés de gourdins et de cailloux. Un échange de cailloux entre les deux camps a duré des heures. Puis intervient le gaz lacrymogène, chassant manifestants et contre-manifestants. Toutefois, les Forces de désordre ont perdu leurs positions au profit des gens en colère de Dar-es-Salam 2. « Des collègues ont abandonné des positions, on s’est retrouvés en difficulté », se lamente un flic à travers son Talkie-walkie, apparemment à l’adresse de sa hiérarchie. Des moments durant, les manifestants ont régné en maîtres, brûlant des pneus sur la chaussée, tout mouvement vers le train, bloqué. « On les a repoussés, jusqu’au train, mais ils sont revenus. Ils sont trop nombreux, c’est sont des jeunes de Bambéto. On n’a plus d’appui », regrette un pandore. Pourtant, pas moins de neuf pick-up de flics et de pandores, armés de boucliers, de lance-grenades lacrymogènes et de matraques, sont déployés. Il y a plusieurs blessés dont « un grave » côté des Forces de désordre, côté manifestants itou, avec des arrestations. Un contre-manifestant a été grièvement blessé par un caillou à la jambe.
Flics et pandores débordés
A midi, le répit. A 13h, les Forces de désordre tentent de reprendre leurs positions. Sans succès. Appuyés toujours par des jeunes de Dar-es-Salam 1, elles ont été repoussées de nouveau. Les manifestants occupent leurs positions. Flics et pandores remontent dans les pick-up, battent en retraite. Le temps de penser à une stratégie. « Laissons les venir jusqu’au carrefour de la mosquée, on va encercler là-bas », propose un contre-manifestant, enragé. Bandian Kourouma, contre-manifestant : « Hier, il y a eu une coupure de courant due à une panne vers Dar-es-Salam 2, la rumeur de manifester courrait depuis. En toute sincérité, je ne peux pas aider les citoyens à combattre les Forces de l’ordre. La manifestation a commencé vers 9 heures. Beaucoup de gens étaient en train d’aider les Forces de l’ordre à repousser les manifestants venus de Dar-es-Salam 2. On ne veut pas des cas de morts, on ne veut pas que le nom de notre quartier soit gâté… »
A 14 heures, les échauffourées ont repris, peu après le retour du train minéralier de la CBK au Port autonorme de Conakry, d’où il venait.
Yaya Doumbouya