Alors que la décision du tribunal concernant le journaliste congolais est attendue dans les prochains jours et après les réquisitions ahurissantes du procureur qui réclame 20 ans de prison, Reporters sans frontières (RSF) et le média Jeune Afrique, dont Stanis Bujakera est le correspondant, se sont rassemblés devant l’ambassade de la République démocratique du Congo (RDC) à Paris pour demander sa libération.
« Stanis Bujakera, ce journaliste qui risque 20 ans de prison. » Le message appelant à la libération du reporter congolais, détenu depuis le 8 septembre 2023, était affiché en grand sur un camion publicitaire stationné par RSF devant l’ambassade de la République démocratique du Congo (RDC) à Paris ce vendredi 15 mars. A l’initiative de RSF une cinquantaine de membres de l’association et de journalistes de Jeune Afrique, le mensuel panafricain dont Stanis Bujakera Tshiamala est le correspondant, se sont rassemblés devant la représentation diplomatique pour appeler à la libération du journaliste.
Ce dernier est accusé d’“avoir fabriqué et diffusé” une note de l’Agence nationale du renseignement (ANR) incriminant les renseignements militaires dans l’assassinat d’un porte-parole de l’opposition. Vendredi 8 mars, le procureur a requis 20 ans de prison au terme d’un procès kafkaïen. Le tribunal doit rendre sa décision d’ici au 20 mars.
« Après cinq mois de procès durant lesquels les mensonges de l’accusation ont été dévoilés au grand jour, les réquisitions ahurissantes contre le journaliste Stanis Bujakera ont de quoi nous inquiéter. Si le tribunal venait à les suivre, cette condamnation serait tout simplement l’une des plus lourdes jamais prononcées contre un journaliste en Afrique centrale depuis le début du siècle. Désormais, seule une relaxe pure et simple constituerait une porte de sortie honorable pour la justice congolaise dans cette affaire », a déclaré Arnaud Froger, Responsable du Bureau investigation de RSF.
« Nous espérons encore que le droit sera dit, mais nous sommes très préoccupés par la manière dont l’enquête et le procès ont été menés. Le ministère public n’a pu apporter aucune preuve de la culpabilité de Stanis Bujakera Tshiamala, le dossier est vide, les experts sollicités ont eux-mêmes conclu que notre journaliste n’avait pas pu être le premier diffuseur de ce document qu’il est accusé d’avoir fabriqué… Rien ne tient dans cette affaire et pourtant, une peine extrêmement lourde a été requise contre Stanis », a plaidé Marwane Ben Yahmed, Directeur de publication de Jeune Afrique.
Arrêté sur la base d’accusations mensongères, Stanis Bujakera a dû faire face tout au long de son procès à des propos calomnieux et un dossier monté de toute pièce. Il lui a été reproché d’avoir écrit un article pour Jeune Afrique, qu’il n’avait pas signé, faisant mention d’une note des services de renseignement qu’il aurait contrefaite et diffusée. RSF a pourtant démontré qu’il n’était pas le premier à avoir eu cette note en sa possession. Plusieurs sources ont également assuré à RSF que le document provenait bien des services de renseignement congolais. Une deuxième enquête d’un consortium de médias dont fait partie Jeune Afrique a également démontré que l’expertise technique sur laquelle reposait l’accusation pour attribuer la diffusion de la note au journaliste était complètement bidon.
Reporters Sans Frontières