Depuis la soirée du 11 mars, la ville de Kindia est en proie à des manifestations contre les délestages électriques. Des jeunes ont battu le pavé dans plusieurs quartiers pour réclamer le retour du courant dans les ménages. Ce qui a viré au drame.
Kindia était en ébullition lundi soir et la journée du mardi 12 mars. Alors que certains quartiers de cette ville sont plongés dans l’obscurité, la situation a dégénéré en affrontements entre jeunes et forces de défense et de sécurité. Tout a commencé dans la soirée du 11 mars quand des mécontents, décidés de ne pas entamer le mois de ramadan dans le noir, ont décidé de se faire entendre dans la rue. Circulation coupée, barricades érigées, pneus brûlés dans des quartiers périphériques comme Abattoir, Sambaya, Wondi, Gare ou encore Yéolé. Paralysant ainsi cours dans les écoles, commerces et administration.
Les habitants de ces quartiers ne comprennent pas que le centre-ville soit desservi tous les jours, alors qu’eux broient du noir. Ils ont pris le dessus sur les forces de sécurité, régnant en maîtres absolus des lieux jusqu’en fin de matinée de ce mardi. Mais tout a basculé lorsque des unités « de l’armée de terre » ont été déployées dans la ville pour épauler la police et la gendarmerie. Gaz lacrymogène contre jets de pierres, courses-poursuites à l’intérieur des quartiers. Des coups de feu ont également retenti. Bilan, deux morts. Deux adolescents dont les corps se trouvent à l’Hôpital régional de Kindia et une dizaine de blessés, certains par balle. « Nous avons reçu 14 victimes, 12 blessés et 2 morts. Parmi les blessés, il y a cinq policiers et sept civils. Ils sont en train d’être pris en charge », précise Moussa Camara, chargé de communication de l’Hôpital régional de Kindia.
« Les émeutes ont commencé juste avant la prière (de 20h, ndlr). Les forces de sécurité ont tenté d’étouffer le mouvement, mais elles ont vite été débordées. Les jeunes dénoncent le deux poids, deux mesures qu’ils vivent depuis des semaines dans la desserte en électricité. Le centre-ville a le courant chaque soir, les quartiers périphériques eux, sont dans le noir. EDG ne communique pas », explique un confrère basé à Kindia.
Les conséquences du 8 mars ?
Une autre source fait remarquer que les quartiers frondeurs sont dans le noir depuis bientôt trois mois, dans une totale indifférence. A l’aune de la Journée internationale du 8 mars où le Président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, était annoncé, la société Electricité de Guinée a recommencé à desservir régulièrement la banlieue de la Ville des agrumes. Quelle surprise ! Mais dès le lendemain, la lumière est partie. Cela aurait mis de l’huile sur le feu. Des manifestants se sont attaqués aux locaux d’EDG, au commissariat central de police et au poste de police de Sambaya. Des arrestations ? Il y en a eu en nombre, certains se trouveraient au Camp Kémé Bourama de Kindia.
Ces manifestations interviennent au moment où le nouveau Premier ministre s’emploie à trouver la bonne formule pour ramener le courant régulièrement dans les ménages. Après sa rencontre avec les acteurs du secteur de l’énergie, Bah Oury annonce l’arrivée très prochaine d’un bateau avec à son bord une centrale thermique.
Yacine Diallo