Le 6 mars, le groupe de presse Hadafo Médias, muselé depuis novembre 2023, a envoyé en chômage technique plus de 70% de ses employés de Cona-cris et de l’intérieur du bled, pour une durée de trois mois.
C’était prévisible. Les groupes de presse Djoma Médias, Fréquence Médias, Hadafo Medias et Evasion Guinée sont en difficultés d’émettre depuis novembre 2023. Leurs radios restent brouillées, leurs télévisions retirées des bouquets Canal+ et StarTimes, pour des raisons de « sécurité nationale », arguent les autorités. Par exemple, sur Espace FM et Fim FM, en lieu et place des émissions phares, passent en boucle des musiques sous Sékou Touré, en hommage à l’armée guinée-haine.
« Jamais, même pendant les périodes de crise les plus difficiles, telles que l’épidémie d’Ebola ou le Covid-19 où un service minimum était assuré, le groupe Hadafo Médias n’avait eu à prendre une décision de telle ampleur. C’est la première du genre depuis la création de l’entreprise il y a dix-sept ans. Elle est la conséquence directe des restrictions imposées à nos médias par les autorités de la Transition depuis des mois. Ces restrictions ont eu et continuent d’avoir un impact financier inestimable sur notre groupe, rendant impossible le maintien de l’ensemble de nos effectifs dans leur intégralité », regrette la direction de Hadafo Médias, dans un communiqué.
Elle indique que l’entreprise est consciente de l’impact social et financier sur ses employés et leurs familles. En outre, Hadafo Médias « réaffirme son engagement indéfectible » envers la Guinée et l’Afrique. « En tant qu’acteur majeur de l’information, nous continuerons à jouer notre rôle crucial dans la promotion de la démocratie et de l’État de droit, même en ces temps difficiles. » Un service minimum sera assuré par un nombre limité de travailleurs pendant les trois mois de chômage technique. « La direction de Hadafo Médias exprime sa profonde solidarité et son soutien inconditionnel à tous ses employés touchés par cette mesure. En ces temps difficiles, nous appelons à la compréhension et au soutien de tous. Ensemble, nous surmonterons l’épreuve et continuerons à faire rayonner Hadafo Médias », conclut le doc.
Difficultés financières
En décembre 2023, le personnel de FIM FM muselée, avait aussi été invité à « rester à la maison jusqu’à nouvel ordre. » Ni plus ni moins. Espace Fm était confrontée à la même réalité, sauf que la direction espérait que les autorités reviendraient à de meilleurs sentiments et donc un retour à la normale. Selon des témoignages, le groupe Hadafo Medias était en difficultés financières bien avant le début du musellement de la presse en novembre 2023. « Il y a des arriérés de salaire de cinq, six et 7 mois à la radio Espace FM. La direction me doit quatre mois d’arriérés de salaire. A cause cela, beaucoup de gens ne viennent pas à la rédaction ces derniers temps », explique notre interlocuteur. Ce qu’un des animateurs de l’émission « Les Grandes Gueules » d’Espace FM du 5 mars, a affirmé, avouant que la Direction resterait devoir à des employés plus de quatre mois d’arriérés de salaire.
Yaya Doumbouya