L’ancien Premier ministre a appelé le candidat de l’opposition qui, selon des résultats encore non officiels, a remporté la présidentielle du 24 mars dès le premier tour.
Il fallait se rendre à l’évidence. Amadou Ba, le candidat de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar (BBY), a finalement reconnu, le 25 mars, sa défaite face à l’opposant Bassirou Diomaye Faye. « Amadou Ba vient d’appeler au téléphone Bassirou Diomaye Faye afin de le féliciter et de prier pour lui », a déclaré le ministre porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana, proche de l’ancien Premier ministre de Macky Sall.
« Au regard des tendances des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour. Je prie le Tout-Puissant lui accorder l’énergie et la force nécessaires pour assumer cette haute fonction à la tête de notre pays », a pour sa part indiqué le candidat malheureux dans un communiqué.
Il devait s’exprimer à 11 heures face à la presse et à ses militants au lendemain d’une présidentielle inédite au Sénégal depuis le siège de l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel. Ses équipes n’ont pas précisé s’il comptait finalement prendre la parole.
Dès le 24 mars au soir, alors que le dépouillement des bulletins se poursuivait dans les bureaux de vote, des scènes de liesse ont été observées dans Dakar. Les partisans de la paire formée par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, principal leader de l’opposition dont la candidature n’a pas été retenue par le Conseil constitutionnel, ont manifesté leur joie dans les rues de la capitale sénégalaise et de plusieurs grandes villes du pays au fur et à mesure que des tendances non officielles donnaient grand gagnant, dès le premier tour, le secrétaire général du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail l’éthique et la fraternité (Pastef), dissous par le pouvoir en juillet 2023.
Selon plusieurs médias sénégalais, l’inspecteur des Impôts arriverait en tête du scrutin avec plus de 57 % des voix, contre 31 % pour l’ancien ministre des Finances, lui aussi inspecteur des Impôts à la retraite.
Les espoirs du camp d’Amadou Ba ont été douchés
Peu après 1 heure du matin, Amadou Ba s’était déplacé au siège de BBY, où l’attendaient dans une ambiance plutôt festive des centaines de sympathisants. « Je voudrais remercier le peuple sénégalais pour cette grande mobilisation, et tous ceux qui ont voulu nous accorder leurs suffrages. Demain à midi, je reviendrai ici pour vous donner une appréciation définitive. Je voudrais vous dire que je suis très attaché à la République et à l’État de droit, ce qui fait que je ne me prononce pas sans avoir tous les éléments », avait-il alors déclaré.
À cet instant, plusieurs militants refusaient de croire à la défaite de l’ancien Premier ministre et espéraient encore un second tour. « Nous n’avons pas essuyé une défaite. Les résultats ne sont pas encore totalement remontés. Les partisans de l’opposition sont en train de crier victoire en premier pour manipuler l’opinion », regrettait Ibrahim, un sympathisant venu sur place pour soutenir le candidat.
« L’opposition a gagné à Dakar et dans les grandes villes. Mais nous, nous pensons avoir remporté dix régions à l’intérieur du pays. Ce n’est pas encore fini », insistait Moussa Diagne, un membre du parti présidentiel. Un communiqué du directoire de campagne, publié quelques heures plus tôt pour annoncer la possibilité d’un second tour « dans le pire des cas », leur avait donné espoir. « Nous continuerons de respecter les prérogatives des différentes institutions chargées du recensement et de la proclamation des résultats. Nous appelons tous les autres candidats à faire de même », y indiquait l’équipe du candidat.
Au même moment, l’heure était nettement plus à la fête du côté du QG du Pastef, où les militants ont entonné des chants toute la nuit à la gloire de Bassirou Diomaye Faye, qui avait déjà reçu les félicitations de plusieurs autres candidats, dont Déthié Fall, Khalifa Sall ou encore Mamadou Lamine Diallo.
Jeune Afrique