Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit avec les confrontations au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Mercredi 17 avril, a été enregistrée la confrontation entre certains accusés et des témoins par rapport à des points précis de contradiction.
Le face à face a débuté par Mouctar Bah, journaliste correspondant de RFI, témoin, et Moussa Tiegboro Camara, ancien ministre secrétaire général à la Présidence chargé de lutte contre le banditisme et la drogue, accusé. Lors de son témoignage, Mouctar Bah avait dit qu’à l’esplanade du stade le jour du massacre, la foule venait de partout, la tension est montée, Moussa Tiegboro Camara a dit : chargez ! Et que c’est en ce moment que les jets de gaz lacrymogènes ont commencé et s’en est suivie la violence. Tiegboro Camara nie catégoriquement avoir prononcé ce mot ce jour-là. « Ce n’est pas possible après avoir été applaudi que je dise chargez contre cette foule qui m’a applaudi. Toute la presse n’était là, pendant 14 ans, personne n’a dit que j’ai tenu ces propos. C’est de l’affabulation pure et simple. »
Ben Youssouf Keita, un des responsables de l’UFDG à l’époque, était face au colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ancien ministre de la Santé qu’il accuse de n’avoir pas eu de l’empathie envers les blessés qu’ils étaient. Ben Youssouf affirme qu’Abdoulaye Chérif était habillé en tenue militaire, accompagné de deux bérets rouges. « Il (Abdoulaye Chérif) est venu avec hargne alors que nous gémissions de douleur, tristes. Il a eu des propos déplacés. Qui vous a dit d’aller ? Pourquoi vous êtes allés ? » Le colonel Abdoulaye Chérif Diaby a rétorqué qu’il n’a jamais tenu de propos déplacés à l’hôpital Donka ce jour-là et qu’il était habillé en complet Bazin, chaussures babouches. « Il ne peut pas lire ce qui est dans ma tête. Ce que j’ai vu, quand je suis rentré à Donka, l’affluence, les blessés à même le sol au service des urgences, j’étais complètement déboussolé et dépassé. »
Mamadi Soumaoro, témoin avait dit lors de sa comparution que le colonel Blaise Goumou était régulier au camp Kaléya, il a réitéré ces propos. Selon lui, Blaise Goumou était fréquent à Kaléya et qu’il tenait souvent des rassemblements au camp. « Il doit dire la vérité, il portait même le béret rouge. J’ai bien dit qu’il ne me connaissait pas, mais moi, je le voyais fréquemment au campa Kaléya. »
Blaise Goumou d’exprimer sa surprise et son amertume : « Je suis véritablement meurtri, je ne sais pas ce qu’on veut de Blaise dans cette affaire de Kaléya. Il dit des choses sans apporter des preuves. A mon retour de formation de Dakar, j’ai été envoyé à Kaléya en tant qu’instructeur, au mois de mars 2009. J’ai quitté et j’ai été muté aux services spéciaux. Et les recrues au temps du CNDD, c’est au mois de juillet. Alors que depuis que j’ai quitté, je n’ai plus mis pied là-bas. Dans ma vie, je n’ai jamais rencontré Mamadi Soumaoro. S’il dit qu’il me connaît, ce n’est pas vrai ».
Mamadou Lamine Sall, victime, est venu réitérer que le sergent Paul Mansa Guilavogui les a proférés des injures et torturés au camp Koundara, les jours suivants le massacre. « Il nous a qualifiés de rebelles et des moins que rien. Il venait avec une femme, il criait sur nous, il nous superposait ». Toute chose que Paul Mansa Guilavogui a nié en bloc : « Je n’ai jamais torturé quelqu’un. C’est vrai que je l’ai vu au camp Koundara, mais je suis allé apporter de l’aide à un détenu ».
Ibrahima Kalonzo Camara accusé, a fait face au témoin Tamba Gabriel Diawara. Il a réitéré qu’il était au violon du PM3 du 3 août 2009 au 6 novembre 2009. Ce qui voudrait dire qu’il n’a pas été au stade le 28 septembre 2009. Sauf que Tamba Gabriel Diawara est catégorique : « J’ai été nommé le 21 octobre 2009 commandant du PM3, colonel Ibrahima Kalonzo Camara n’y était pas. Je ne peux ni confirmer ni infirmer que le colonel Kalonzo Camara était présent le 28 septembre 2009 en prison ».
Ibn Adama