Le décret de nomination des secrétaires généraux du gouvernement a été publié le 10 mai. Seulement, sur les 27 nommés, il n’y a que 2 femmes (confirmées), ce qui fait bien grincer des dents chez les féministes.

Aussitôt le décret de nomination des secrétaires généraux publié, vendredi soir, les féministes ont brisé le silence. Mariam Tendou Kamara est la première à sonner l’alerte dès l’après-midi du 11 mai sur son compte X (ex-Twitter). L’activiste y a lancé un Spaces X intitulé : Scandaleux ! Nominations de 27 secrétaires généraux, 2 femmes ! #Guinée.

La fonctionnalité qui permet d’avoir des conversations audio en direct, aux allures de coup de gueule, a fait l’objet de nombreuses réactions d’autres activistes, comme Kadiatou Konaté, ancienne directrice exécutive du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée. 

Sur un spaces X intitulé ‘’nomination des secrétaires généraux, seulement deux femmes, scandaleux’’, elle a servi d’hôte d’une discussion sur le réseau social qui a été repartagé par plusieurs activistes féminines comme Kadiatou Konaté, ancienne directrice exécutive du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée.

Les deux femmes secrétaires générales ne sont nullement des nouvelles promues, mais des confirmées à leurs postes respectifs: Khaité Sall au ministère de la Santé et de l’hygiène publique ; Irène Marie Hadjimalis au ministère de la Justice et des droits de l’Homme. Ce qui est maigre aux yeux des Guinéennes qui réclament plus de postes de responsabilité. Contactée par notre rédaction, Mariame Tendou Kamara ne décolère pas: « Je trouve cela absolument scandaleux ! C’est le mot. Nous nous retrouvons dans un état qui dépasse l’indignation. Cela dénote d’une indifférence inquiétante au regard des régimes précédents », assène-t-elle.

Une junte sexiste ?

Pour Mme Kamara, le message du chef de la junte est clair : « Les compétences féminines en Guinée n’existent pas. Et même lorsqu’elles existent, elles n’ont pas leur place dans la gestion de la chose publique. C’est un message très clair envoyé à toute la nation et au-delà. »

Même son de cloche du côté du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée qui milite pour les droits des femmes et des enfants. « Cela crée un déséquilibre flagrant dans la représentation et la prise de décision, marginalisant ainsi la moitié de la population. En effet, les Guinéennes représentent 51 % de la population », rappelle Hélène Diallo, Responsable Programme de l’association.

Rien de surprenant cependant pour les féministes : la configuration du gouvernement Bah Oury présageait déjà des perspectives peu rassurantes. « Dire que nous sommes surprises ne serait pas sincère. Le ton avait été donné avec les nominations des chefs de départements ministériels. Mais nous pensions que nos autorités allaient en profiter pour rectifier le tir », relève Mariame Tendou Kamara.

Le 13 mars, cinq jours après la célébration de la Journée internationale des femmes, les activistes découvrent un gouvernement de 29 ministres dont six femmes, soit 20 % de l’équipe. Or, le 8 mars, le Premier ministre Bah Oury avait promis que son gouvernement comprendrait au moins 30 % de femmes.

Un recul

Cette nomination déséquilibrée d’alors continue d’être dénoncées par des groupes et associations féministes comme le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée. C’est un recul pour l’égalité des sexes, remarque Hélène Diallo : « Cette sous-représentation perpétue les stéréotypes de genre et renforce les barrières à l’avancement professionnel des femmes. Cela crée un cercle vicieux où le manque de représentation des femmes entraîne une exclusion continue, sapant ainsi les progrès vers l’égalité des sexes. »

« Ce que nous avions obtenu comme avancée et ce qui est fait aujourd’hui, il y a une nette différence. C’est un recul, mais nous ne devons pas perdre espoir ou baisser les bras. Normalement, après cette nomination, il y aura les chefs de cabinet et bien d’autres postes. Nous parlerons même bientôt d’élections », tempère pour sa part Fatoumata Diaraye BAH, présidente de Women Hope Guinée pour le leadership et la participation politique des femmes, membre du Groupe de réflexion et d’influence des femmes.

Suite à la nomination du vendredi des secrétaires généraux du gouvernement, certaines organisations comme celle que préside dame Bah ont tenu une rencontre de concertation. Elles mijotent des actions de désapprobation de la politique de marginalisation des femmes.

Diarouga Aziz BALDE