Pour avoir baptisé l’aéro-hangar Gbessia au nom de l’ancien dictateur, Ahmed Sékou Touré, en décembre 2021, l’Etat guinéen est trimballé par les victimes du Camp Boiro devant dame Thémis. Les victimes ne souhaitent pas voir le principal aéroport du bled porté le nom d’un tyran, bourreau de leurs parents.
L’Association des victimes du Camp Boiro ne veut pas lâcher prise. Alors qu’elle avait reçu une fin de non-recevoir de la part de la Présidence de la roue-publique quant à leur demande de retrait pur et simple du nom d’Ahmed Sékou Touré collé à l’aéro-hangar international Gbessia, l’AVCB a décidé de judiciariser l’affaire. Elle a porté l’affaire devant la Basse-Cour suprême en février 2022 contre l’Etat guinéen, pour « excès de pouvoir ». Le procès s’est ouvert le jeudi 30 mai devant la Chambre administrative. L’audience qui devait être consacrée aux observations des avocats de la partie civile sur la réplique de la défense a tourné court. Me Amadou Baïdy Habib Tall a sollicité un renvoi pour d’abord étudier cette réplique : « Nous avons déclenché cette affaire en février 2022, je vois que cette réplique date également de 2022. Je ne sais pas où elle se trouvait dans cette Cour pendant tout ce temps, parce que je venais régulièrement à la Cour suprême la chercher. Mais c’est la semaine dernière qu’on m’a dit qu’elle était disponible. J’ai des informations concernant ce dossier, mais je préfère me taire pour le moment. Donnez-nous du temps, pour préparer nos observations. »
Une demande que ne partage pas forcément le ministère public : « Une telle procédure, c’est entre le requérant et le procureur. Je ne vois pas trop l’intérêt de se focaliser sur la réplique de la défense », explique William Fernandez. La présidente, Mariama Doumbouya, rétorque que la partie civile est en droit de faire une telle demande dans la mesure où « il y a eu une défaillance du greffe. Il ne peut pas ne pas fournir la réplique de la défense à temps. » Elle renvoie l’affaire au 13 juin prochain, pour les observations de la partie civile.
L’Association des victimes du Camp Boiro accuse le premier Président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Tyran d’avoir fait tuer des milliers de Guinéens dans le camp Boiro. Elle ne cesse, depuis la mort du tyran le 26 mars 1984, de réclamer justice et réparation pour les victimes. En vain !
Le changement de nom de l’aéro-hangar par le CNRD avait frustré jusqu’au haut sommet de l’Etat et créée une sorte de froid entre le Prési de la transition, Mamadi Doum-bouillant, et son PM à l’époque, Mohamed Béant.
Yacine Diallo